Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - LAURE WEIL

Publié par ERIC DUBOIS sur 1 Mai 2014, 18:34pm

Catégories : #articles - articles critiques

Drôles d’oizeaux

La chanteuse Emily Loizeau au piano, accompagnée par le violoncelliste Olivier Koundouno sont actuellement en tournée avec un spectacle intimiste Piano Cello Tour qui reprend les titres des trois précédents albums, en vue de la sortie d’un nouveau CD, enregistré au studio Ferber à Paris, qui sortira le 2 juin.

Leur concert commence par un air de musique qui nous fait entrer en douceur dans la nuit, avec chaque note berçant l’autre. On se laisse aller à la torpeur des sensations. Sur scène, un piano à queue déploie son couvercle. Aigle noir miroitant, on songe à l’héritage de Barbara avec son dépouillement musical et l’exigence d’une diction parfaite qui étire ou fait cingler les syllabes des mots pour restituer leur sonorité. Alternant timbre ténu et puissance vocale, Emily Loizeau passe par tous les registres de sa voix pour nous ensorceler. Ils sont deux sur scène mais chacun sait qu’il faut agrandir la ronde pour nous entraîner dans leur fête.

Quelques gadgets inattendus font leur apparition pour ne pas nous figer dans la solennité de leur formation. Du scotch et du calque transforment l’atmosphère classique en un saloon où les notes nasillardes du piano répondent au frottement des cordes par une brosse ou un mètre de bricoleur. Le violoncelle sous les mains d’Olivier Koundouno est un laboratoire musical dont il extrait des sons surprenants.

Sombre et grave, il accompagne une complainte désespérée de Fais battre ton tambour  qui claque à chaque plongée dans les abysses d’une âme seule et tourmentée. Dans Comment dire, le musicien réinvente le crépitement des souvenirs avec ses sons grattés qui griffent le tempo fluide du piano et l’intonation sans heurts d’une voix qui se donne le temps de la réflexion et repousse à plus tard l’échéance de la réponse. La musique et la voix du Pays sauvage nous plongent au milieu de chants incantatoires de chamans amérindiens. In our dreams transcende par la pureté de ses aigus la voix qui nous transporte vers des cieux libérés de toute pesanteur.

Au tout début du concert, la chanteuse s’est inquiétée de savoir de quel autre bout du monde nous étions venus pour l’écouter. A Bernard qui avait fait sept cents kilomètres pour être là, le spectacle fut dédié mais que l’on soit d’ici ou d’ailleurs, que l’on n’ait qu’à traverser la rue ou à prendre sa voiture pour faire plusieurs kilomètres, il faut suivre ces deux grands migrateurs partout où ils voudront bien se poser pour partager avec eux les envolées d’une musique sauvage et libérée.


 

Concert du 30 avril à la Chapelle St Jacques à Vendôme.

 

NB  : Site officiel de l’artiste : http://www.emilyloizeau.fr

Session acoustique de Fais battre ton tambour, FD Acoustic Session, 2009 : http://www.youtube.com/watch?v=gKUgpDVPRHE

 

LAURE WEIL

 

 

Elle se présente :

 


Professeur agrégée d'arts plastiques, je suis aussi curieuse de littérature, de cinéma et  d'architecture. J'ai fabriqué quelques livres d'artistes, dont le lien entre eux semble être l'effacement. Livres restés confidentiels. J'écris généralement pour restituer une rencontre avec une œuvre, qu'elle appartienne au champ des arts plastiques ou au cinéma.
Je cherche à diffuser mes textes parce qu'il est plus facile de se motiver à écrire régulièrement quand on sait que ses textes sont susceptibles d'être publiés.
Mes écrits sont nourris par ma culture des arts plastiques et par ma liberté à jouer avec les mots, comme s'il s'agissait de couleurs pour un peintre.

 

 

 

 

 

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