Charles Dobzynski nous a quittés hier. C'était un ami. Un grand poète et un grand lecteur ( et un contributeur) du Capital des Mots. Toutes mes condoléances à sa famille, à ses proches.
Tristesse.
Eric Dubois
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La mer invisible
La mer est l'invisible que je sonde
Et son ressac dans mes rimes s'entend,
Des vers de Nerval, des sonnets de Sponde,
Un coeur qui bat sous les neiges d'antan.
Mètre entêtant sur un rythme binaire
Un fil sans fin par les mots se délie,
Qui l'a tissé? Guillaume Apollinaire?
Maurice Scève orchestrant sa Délie?
Je sens en moi la poésie entière
Nappe phréatique depuis Villon,
Et sa matière a formé ma manière
Et j'ai germé partout dans ses sillons.
On trouvera que mon décasyllabe
Ce chapelet dont s'échappent les grains
Se vide avec le temps comme du sable
Et qu'il n'est plus qu'archaïque refrain.
Mais la mémoire advient: alors qu'importe
Si ses wagons cahotent sur mes vers
La langue que je parle n'est pas morte,
Sa source est l'alphabet de l'univers.
CHARLES DOBZYNSKI
Extrait de "Ma mère, etc., roman". Editions Orizons, 2013.