Carte de voeux
Qui parle dans mon souvenir sans tête
paroles perdues comme des gouttes d’eau absorbées par le sable
noyée dans mon propre cou serais-je décapitée
rien qu’un cauchemar tu coches t’as marre
un pas de plus et tout démarre
non je ne veux pas ça maintenant
que veux-tu dis alors mais dis
regard de regard et parole de parole
se nourrissent puisant sans fond
dans l’âme de l’autre croisement d’amour
et de haine et c’est cela la vie
engendrant la vie et la mort engendrant
la mort et la vie… et la mort… et la vie…
et la… et la… et… et… Joyeux Noël chez vous
et embrassez les petits – grand’ma’
qui vous aime de l’au-delà
***
Encore une carte de voeux
Maintenant que j’ai rangé ma chambre
de jeune fille en fleurs (et quelle pagaille
il y avait peux pas le dire encore que dehors
il pleuvait des cordes et je flottais et planais
sous la neige des papillons et cette migraine qui me vide
je me vomis à l’intérieur et mes yeux s’écoulent
dans mes orbites vers des circuits obscurs
derrière mes oreilles et ma vue devient crampe
et mon ouïe crie famine et ma bouche avale
les sons des fanfares avares de manne
apocalypse now mon corps explose
pardonne-moi mon père car je ne sais pas
ce que je fais comment peut-on se haïr tant
non je ne sais si tu sais non si non si e pur si muove
mon amour envoie-moi une carte de voeux sympa
quand tu arriveras là-bas
***
Fruits inversés
Le trop plein d’une vie
s’est déjà déversé
j’ai de moins en moins
de contenu
propre
au fur et à mesure
que je grossis
on dirait je me remplis
des autres
je devrais les déverser
autrement
mes poèmes sont déjà pleins
de moi
y a plus de place
même pas dans les futurs
eux je les remplirai
de la sagesse du vent
de la folie de l’eau
je les donnerai aux petits
comme des cerfs-volants
qu’ils courent sur la plage
un poème accroché à la corde
qui les suspend au ciel
tels des fruits inversés
***
Voyage d’hiver
Le ciel s’écrie de tant de beauté
pour des pas absents
neige aveuglante rythmant l’ombre des forêts
qui frissonnent dans l’inconscient du songe
bandage miséricordieux et mensonger
sur des plaies inguérissables
terre froide oublieuse
d’un coeur brûlant
prêt à déborder de lave et de cendres
eaux attendant des tsunamis sous la glace
vents dormants dans des branches
rêvant d’un tourbillonnement futur
ainsi se préparent-ils en silence
les désastres
libérateurs de souffrance cachée
mais qui rompra le charme
de l’instant
l’aujourd’hui d’un regard
vaut l’éternité
Extraits de "Les poèmes de Lucy " (L'Echappée Belle Edition )
DANA SHISHMANIAN
Sa bio : http://www.lechappeebelleedition.com/danashishmanian_bio.html
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