Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - JEAN POULIN

Publié par ERIC DUBOIS sur 13 Décembre 2014, 21:00pm

Catégories : #poèmes

Note de l’oublié

 

Passé à la trappe de ton dédain, je m’attelle à un projet récurrent : récurer le blanc de ta mémoire.

 

Et toi, si propre de ta personne, ne trouveras dans les coulisses de tes souvenirs ni coulisse ni trace dégoulinante qui te laisseraient à deux doigts d’une énième moue.

 

Je peux maintenant squatter un recoin de cette amnésie d’où je t’aperçois, de loin en loin, javellisant tout sur ton passage.

 

Je suis l’oblitéré, qui n’oublie rien, laissé en rade à la poste restante, lettre morte sur laquelle la poussière retombe lentement.

 

Il flotte ici une sorte de fadeur, et elle s’applique en transparence sur nos regards vitreux.

 

 

 

***

 

Symétrie

 

 

Dans la symétrie des esseulements

Le temps glisse comme la soie sous les doigts

Longe la ligne de faille, jusqu’en amont du réconfort

Là où ni elle ni lui ne sont tutoyés des yeux.

 

 

Les voilà dos à dos au bord de la crevasse

Deux autres exils sur une idylle désertée

Qui finit dans le camp retranché d’un lit double

Dont les draps ne contournent que les carences.

 

 

Dans la symétrie des esseulements

Chacun voit la résignation prolonger sa trame

Telle une repoussante tache d’huile

Et entre les deux, une intrication qui s’ignore.

 

 

Dans la dysenterie des sentiments

On avance au gré de la méfiance

Et on sort parfois croquer du réciproque

Avant de retourner nourrir le corps défendant.

 

 

 

 

Dans la symétrie des esseulements

La solitude n’est qu’échafaudage

Et pourtant ça tient en l’air.

Après tout, il faut bien sauver la face.

 

 

Si seulement, à l’endos de cet abandon

De l’autre côté de la géométrie de l’accoutumance

Pétrifiée de routines, tuméfiée de redondances

Contre toute attente, tu affleurais sous l’édredon!

 

 

JEAN POULIN

 

 

Il se présente :

 Jean Poulin est né dans la ville de Québec mais vit à Montréal depuis un quart de siècle où il sévit principalement comme correcteur d'épreuves en plus d'être trekkeur à ses heures. Il a fait paraître une nouvelle dans la revue franco-ontarienne "Virages". Sinon, il est littérairement vierge. 

 
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