X
Dieu et ses autres principes, ce soir
Ont relâché les rênes comme des parents nudistes et lâches
Préoccupés par leurs congés
Oiseaux éparpillés dernière lumière
Iras-tu au bordel de l'enfance, chéri
Accoudé aux hortensias
Rappelle-toi
Soleil
Rouge à lèvres éclatant
L'amour te fit signe, pauvre gosse
Et tu n'as pas suivi
Moi-même inconnaissable je t'écris depuis la drôle d'histoire qui te succède
Et pour te dire la vérité, petit
Attends-toi à des choses par nous-mêmes insolubles
Oui, j'ai bien lu le graffiti laissé
Dans les toilettes de l'hôtel
Tu étais amoureux
Seize ans
De tout ce qui passait
Les ombres
Tu espérais mon aide Mais
Viens le gosse prends la main du double 5
Allons voir
Comment ni toi ni moi n'aboutîmes
Comment toujours nous espérons l'amour sous des haillons distincts
Après quelques essais comiques
(De plus, petit, en général, les bars ferment trop tôt)
Viens, petit, viens, pardonne-moi, pardonne-toi
Demain, je t'écrirai longtemps
Car j'ai soif, car tu as soif, maintenant
Et la nuit a changé, sais-tu Elle
N'est plus le long lilas sonore prenant son temps
Qui tissait ta couronne que je n'ai pas saisie
Demain demain toujours demain
***
IL EST MORT IL EST MORT
C'est le Vendredi saint acoquiné
Au long week-end
Ça va baiser dans les Relais-Châteaux
Étretat les falaises et le golf
Par exemple
Aujourd'hui
Accord décisif
Uranium Enrichi
L'Iran est aux anges
Obama est orange
Il pleut, la gardienne balaie les dalles du jardin
Vu d'en haut depuis qu'on l'a rasé il est
Plantation de salades Décor
Polyester chez un maniaque de trains
Les racines, Monsieur, les racines centenaires menacent
La voûte du parking
Les cimes avant valsaient dès mars
C'est le jour du verbe éteint Il faut imaginer cuirasses sang noir & sueur
Sur un mont à peine plus haut que les décharges où rient
Dans les documentaires les enfants pauvres
Inutiles courtes vies
Dictionnaire de la Bible, article « Crucifixion »
Nombreux détails sur la longueur des clous, les madriers assemblés
Soudain, tu veux t'offrir une perceuse électrique
Il fut vêtu du pagne de décence Il a bu le vin des jarres et lui aussi baisait
Avant qu'Église ne le préempte
L'Amour la Blonde n'a pas téléphoné Dans ton gouvernement absurde
Elle en avait la charge Tenir à bout de bras l'Amour
Ciboire Coupe du Monde
Ou tenir comme à la guerre un fort
Malgré l'immensité des morts
Tu l'as vue en rêve, ce matin
S'allongeant un instant
Maquillée Habillée
Pressée Distante
À tes côtés
Disant On m'attend
Je ne peux pas rester
Sur le lit de l'enfance
Comme une mère qui s'en va
Vers une fête
Quand donc décideras-tu ceci cela
(Chez Sylvia Plath, la jeune suicidée
Tu lis dans La Cloche de détresse :
« Si c’est être névrosée que de vouloir au même instant deux choses
Qui s’excluent mutuellement,
Alors je suis névrosée jusqu’à l’os.
Je naviguerai toute ma vie entre deux choses
Qui s’excluent mutuellement. »)
Je t'embrasse dans le gaz, Madame
Buvons les verres de lait que tu prépares aux enfants de l'étage
Donnons-nous le courage d'être lynchés par la Tristesse
Ibrahim est en bas l'épicier où ce jour tu achètes
Les clous verts cylindriques de ta croix quotidienne
Dans le silence des cloches Pluie ne cesse de tomber
Sur un plateau discret
Dehors grâce à Elle grâce au Christ il y a très peu de monde
Le feu rouge, glaive humide, descend vers toi qui marches
Donneras-tu des suites
À la répétition
Le poème comme au temps de Molière est une saignée
Douteusement soignante, chaque soir
Semble sans fin ce dont tu doives te vider
Puis il y aura mais quand
Un déploiement de prés
Le rire qui te concerne où est-il
Les bris de joie où sont-ils dispersés
L'espace il manque l'espace
Il y a un empêchement à voir
À l'intérieur du sang
Véritable et obstiné
Quelle est la cause
De ce que tu ne vois
Les nappes parfumées le roulement du monde
Le nom réel des choses
Ce n'est pas la souffrance que tu demandes à voir
Mais juste un carré d'herbe
Des espèces ailées des becs des sons
La lumière fléchissante
Entre tes murs, pour le moment, le tabac pique telle une urine
Et tu te sens très incapable
De dire
Trois types qui saignent sur trois croix, l'odeur et la fureur
Ou bien l'afflux joyeux des prêtres au premier jour des Soldes
***
Résurrection J-1
Deuxième Jour de Non Cloches
Tu placardes POÈME INTERDIT À LA LUMIÈRE
Tu penses à un titre Bye Bye la Prose
À part ça quoi de neuf ?
Ça ne vas pas très fort
Toi non plus
Smiley contrit plutôt
Fauteuil Croix Personnelle En Position Assise
Alcool Surpoids Hémorroïdes
Acheter Titanoréïne
Tube aluminium
Verni de 40g
Avec canule polypropylène
Prix moyen 7.11 €
Comme il est dit sur Internet
Le trapèze en feu a sa source vers T4
Quatrième vertèbre
Puis monte ô Lierre
Épuisant
Bloquant Nuque & Épaules
Corps, Meccano sans joie
Hyperthermie de midi
Suaire de ronces les Nerfs
L'infime hostie bleue l'as-tu prise
Couronne de Benzodiazépine
Tu as dû oublier
Demande d'aide extérieure à l'eau
Caveau de la baignoire Puis
Au téléphone l'Amour la Blonde, Juive laïque
Tu déclines l'invitation à venir célébrer
La sortie de l'Égypte
À cause de tes hémorroïdes
À cause de Tout
Elle raccroche
Les parfums ni les sons ne font frémir ta narine
Le deuxième jour Jésus est aux Enfers
Il n'a pas la TV contrairement à toi Tu vas voir
Le programme sur figaro.fr
Une certaine Alizée s'exprime « J'ai fait la paix avec moi-même »
Il n'y a pas grand-chose La TNT est pauvre
Rien sur le Christ ni même sur les Alien
Échappées Belles propose la traversée de l'Hérault
Dans la rue, peu de monde, c'est la faute à Jésus
& aux Juifs engyptés
Et toi qui espérais les Autres
Ces êtres étranges venus d'ailleurs
La pharmacienne a changé de coiffure
Le gris demeure
Les pharmaciens sont discrets
L'anus est passé sous silence
Une fille
Massive et laide
Se selfise en marchant
L'iPhone est mauve
Tourné comme un pommeau de douche
Vers la bouche qui clame
« Je suis sur Paris ! »
Sur le palier Odeur
Odeur déchirante d'oignon sucré
De plat en sauce
De foyer
D'où vient-elle
D'où vient-elle Car
Ta voisine est folle, sous tutelle psychiatrique
Dans les filons sous terre derrière le roc du sépulcre
Jésus-Aux-Aromates attend son heure
Criblé
Que préfère-t-il ?
La dernière brise ardente
Les robes soulevées dans le jardin
Les olives qui tombaient comme des larmes
Ou bien l'éternité du non sentir
Tu reçois des messages Des collègues sont en lutte
Il est question d'assemblements, dans les e-mails
Les lignes brèves scintillent
Naïves ou doctrinaires
Tu comprends, mais de très loin
Y croient-ils vraiment au changement du monde
Échanges échanges sonores
Dans une soute moderne
Un chant d'esclaves pour oublier
La seule affaire au monde est l'amour tu le sais
Car tu échoues
Ô dais
Si lent si loin
Quand donc seras-tu déployé
POÈME INTERDIT À LA LUMIÈRE
Poème du deuxième jour
***
Le troisième jour, il y eut dans la cour un ramier à cinq temps
Puis la bataille des deux amants
Deux hommes qui se quittaient
Au rez-de-chaussée
Sang vitres & vaisselles
La police est venue
Épaules blasées
La gardienne traîne les poubelles
Jésus pousse le roc
Le ciel est bleu épouvantable et innocent
Comme un idiot de village étendu dans un pré
Deux crânes discutent Allons tout n'est pas triste !
Pourquoi m'as-tu donné la vie
Ce soir, ma fille s'est suicidée sous sa couronne bouclée
Je te l'ai dit, petit
La vie n'est pas la banderole des seize ans
Agitée un instant
Sur la terrasse
L'eau n'exulte pas, les buissons disparaissent, les hortensias s'éteignent
Ainsi que le chemin qui passait près des fermes
Le mimosa est de courte durée
Un jour tu te rappelleras
La voix qui parle un soir de Pâques
Il y avait
Il y avait un lieu
Condensation du temps
À dix ans
L'eau est si belle
Les crabes verts et faciles
Ont deux petits yeux rouges
Et s'agrippent à l'appât
La marée monte, sans danger, assemblage de plaques d'or
Les Haubans-Lyres captaient le vent calmé
Des lapins courent dans une odeur de sel
Les gens sonores dînent derrière les baies frappées
Par le dernier soleil
L'herbe sent
Les bosquets rient
Pourquoi
Pourquoi m'as-tu donné la vie
L'ignominie statistique
D'avoir eu lieu, un jour
Dans les parfums de la Terre
Demain il y aura grève
Le cortège enflammé s'en ira des Gobelins
Ô homme violon osseux
Nous irons sous les fines particules
Emplis d'arthrite et d'espérance
Jésus en tête avec la CGT
Lance des confettis
Je suis l'Amour
Que ta main plonge
Couverte de groseilles
Et si tu pleures
Fais-le contre la gorge
Haletante et lactée
XI
Mesdames Messieurs
Pearl est Ladyboy
Il a fallu deux soirs pour la dompter
Elle tient la baraque des plats
À emporter
« En face... »
Information du second soir
Elle te montre
Geste fin
Griffes et mépris
La grande information est
A-t-elle ou n'a-t-elle pas
Il y a les choses à dire et la façon de dire
As-tu des choses à dire as-tu la bonne manière
La chose à dire est Pearl
Quand le corps surgit les mots s'enfuient comme des souris
Dans un lâche corridor
En toi, l'éternel prisonnier
L'instant est une foudre, il traîne encore un peu
Et la cape s'éloigne, mouvementée
Une autre rue
Tout a passé
Fais vite
Pearl vient de Thaïlande
Un peu de sperme un ventre et puis la chirurgie
Ont produit Pearl
Secousse un soir d'été
Et toi tu peines Alors qu'un coup de rein
A produit Pearl
Sous un ventilateur
Deux jambes descendaient donc la rue, un vendredi
Toi
Et les terrasses s'enflaient
Les trajectoires des Hommes ne sont pas plus compréhensibles
Que celles des oiseaux
La plupart des bars, anagrammes des bras
Sont des machines à fric
Il y a un cordon rouge
Pour faire croire à la grandeur du lieu
L'Alcool est une alimentation de larmes, tu l'as écrit
Et d'autres choses importantes sur l'Amour
Un mot qui roule dans la gorge telle une poire d'angoisse
Ou la ruade doucereuse du Mescal
(Tu penses aux yeux verts, une fille qui pourrait être ta fille)
(Tu as connu l'encadrement solide des bourgeois, c'est pourquoi)
Le Ladyboy était au bar, donc
Tu l'embrasses dans le cou, le second soir
Niché dans un parfum très long
Les yeux clos
Vous allâtes même jusqu'à danser dans une odeur fluide de menthe
J'ai cinquante ans, dit-elle, avec une voix GENRE Mars Attacks !
Seul défaut dans la perfection obtenue
L'Amour n'est pas pour moi, dit-elle
Combien d'empêchements, toujours
À côté, la voisine licenciée récemment dit
Elle calcule un instant sur ses mains
Je n'ai pas fait l'amour depuis deux ans
Ça ne me dérange pas
L'autre voisine dit J'ai apporté des fleurs
Pour le bar, pour l'ensemble des gens du bar
Elle pleure parce que personne ne comprend
Son fils a vingt-quatre ans, elle pleure dans la dernière beauté
Demain, peut-être, tu partiras vers le roulement des vagues
Les maisons calmes qui ont des colombages
Ou bien tu resteras dans cet enfer si pur
Pearl
Grand écart
PIERRE MÉROT
Ecrivain, romancier français né en 1959.
Plus d'infos : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_M%C3%A9rot