Adieu
Il nous faudrait plus de temps
il nous aurait fallu plus de temps
pour comprendre ce qui est arrivé
mais nous ne l’avons pas
nous ne l’avons jamais eu
***
Au café
Reviens demain
attends un peu
patiente, reste
il te faut de la patience
il te faut attendre
Demain vient après demain
demain ne compte pas
aujourd’hui est ton seul guide
***
Croire
Tout recommence, rien ne s’arrête,
c’est infini, toujours, tout se répète,
c’est pourquoi tu dois toujours garder l’espoir
car la lumière revient encore et encore.
Passé
Marchant seule dans la nuit,
j’avance
n’importe où, peu m’importe.
Sauf qu’il n’y a
il n'y a toujours
que toi et ton visage,
toi et ta voix,
toi partout
tout entier
chez les autres.
Ton fantôme
il hante mes nuits,
si tu savais à quel point
ô mon chéri.
Souvenir
Nous étions au bord de la mer. En marchant sur le sable tu n’as pas enlevé tes chaussures pour sentir sa douceur sous tes pieds, tu ne t’es pas baigné non plus. Tu as passé la journée avec moi face à l’océan. Isolés dans son étendue géante bleue et dorée nous étions seuls et si dans les faits nous ne l’étions pas, il nous semblait l’être car nous étions ensemble comme nus l’un face à l’autre.
D'aujourd'hui
Tu vois, là, j’ai peur, j’ai peur de toi face à moi, j’ai peur de tomber, de trébucher face à vous. Vous attendez des héros, vous voudriez les voir mais il n’arrivent que des gens normaux, quotidiens, avec des défauts, êtes-vous déçus ?
Une nuit d'hiver
J'ai passé ma vie à t'attendre
amour
mais tu n'es pas venu
Je fais des pas fantômes
sur le bitume
d'une grande ville
que je n'aime plus
Je prévois de faire un voyage
à l'autre bout du monde
mais déjà mes larmes coulent
Je ne voulais pas ce qui s'est passé
sans vouloir y être j'y suis aller
j'ai tout fait pour y arriver
Toi
Je ne pense pas avoir trop de toi en moi
jamais je ne serais assez rempli de toi
tu es tout pour moi
Mon temps
Une horloge tourne
Le temps passe vite
Merde
De vieilles musiques passent
Les souvenirs remontent
Déjà
L'envie de nourriture
Une pomme avalée rapidement
Ouf
Peut-être toi avec moi
Mes émotions reviennent
Non merci
Encore quelque chose à dire
J'ai toujours écrit
Et ensuite ?
C'est vrai, tout est dit
Alors pourquoi ?
Discussion sans fin
Stop
J'en ai marre
Je veux partir, tu m'entends ?
Non
Je ne veux plus te voir
Pourquoi ?
Tu te prends pour moi
Je suis toi
Jamais
Stop pour la deuxième fois
Ok
C'est drôle
Oui
Tu l'avoues ?
Oui
Ok
A bientôt
Appelle-moi
Si tu veux
Si dieu le veut
Je veux qu'il le veuille
C'est pas toi qui décide
Ah non ?
Non
Alors j'attends
J'attends avec toi
Merci
Loin de là
Ici tout va bien
on s'amuse
comme on peut
tu me manques
Pas loin d'ici
il fait froid
mon corps se soulève
parce que le vent souffle fort
sur moi qui suis si légère
aérienne comme une plume
c'est la raison de mon départ
Tout près de toi
j'ai envie de vivre
nouvelle sensation
une fleur fanée se réveille
sa couleur délavée reprend vie
vivante elle s'envole
non loin de là
Miroir
Ce n'est pas moi
que mon miroir reflète,
c'est toi.
Un jour j'ai disparu.
Sans m'en rendre compte.
Face au miroir, je me disais,
quelque chose en moi reflète
autre chose.
Promenade
J'ai oublié, c'est horrible, parce que j'ai oublié car j'ai eu peur. Sur l'instant, tout au fond, un frémissement, une brûlure, j'ai dû courir, j'ai tremblé d'horreur. L'envahissement, cette sensation de ne plus s'appartenir, ce froid qui vous prend. Mon âme refroidie d'un coup cherche un guérisseur.
Le cœur brisé
Un cœur s'est brisé
sur un rocher.
En marchant fatigué
sur un chemin,
il a trébuché,
en tombant
il s'est cogné
sur un rocher
il s'est brisé.
Le cœur est éclaté sur le sol
mille et un morceaux
tentent de se reconstituer.
Petits bouts de lui partout étalés,
petits bouts de lui partout
Partout.
Un vide à remplir
Le vide qui est à remplir est immense
Remplis-moi, remplis-le de toi
l'espace est infini
laisse-le t'envelopper,
laisse-moi être près de toi
venir me reposer
juste au coin de ta porte.
Troisième guerre
Dans ma terre en paix la guerre à éclater
petits souffles coupés pas l'éclatement d'une bombe
hier, aujourd'hui, demain
partout, nulle part,
n'importe qui, n'importe quand
des tirs -
qui ? où ? comment ?
Partout partout ils ont frappé
la question du complot
la question des ennemis
celles des pourquoi et des quand dira-t-on
on ose à peine parler
on se renferme en soi
tous déjà prisonniers
M'évadant sur un chemin imaginaire
je chante en marchant, si tu savais comme je chante
pour oublier ce monde.
Puis j'observe un papillon,
sur ses ailes déployées
sont dessinés des territoires
tâches de couleurs
qui s'entrechoquent et se mélangent lorsqu'il s'envole
redevenant un nouveau terrain de guerre.
Intime
J'ose l'avouer je suis seule et déprimée
Tu vois là devant toi
je suis seule à l'heure où d'autre sortent
Tu es nu
Il n'y a plus d'ombres,
aucune
séparées, effacées, absentes,
aucune
tu es libre.
Toutes séparées de toi
maintenant tu es nu et vivant.
Émotion érotique
Un jour j'ai vu une petite grille accrochée au bout d'une antenne sur un toit.
Elle tremblait légèrement, comme frissonnante, à cause du vent.
J'ai trouvé que ses légers mouvements, fait de va et vient à peine perceptibles,
étaient terriblement excitant.
J'ai appris que tu existais quelque part dans ce monde,
à ce jour nous nous sommes croisés sans nous reconnaître
quelque chose en moi t'attends depuis longtemps
je ne sais même plus de à qui je m'adresse
mais je sais que tu existes
je sais que tu m'entends
La vie est faite de douleur et d'intensité,
la vie est faite de crimes et de rêves.
Par bonheur, je suis idiote et je ne vois la vie que par morceaux.
Elles se nourrissent toutes de moi, je suis leur nourriture,
séductrices, féroces, ces femmes m'observent en silence,
elles jouent un jeu, elles dansent pour me cacher la vérité
elles savent qui je suis mais ne me le disent pas
comme face à un objectif, l'intensité de leur regard
est concentré dans le temps
Interview
Ma première réponse,
ma vraie réponse
était d'abord le silence.
Ensuite vint la panique du silence
qui entraîna humour, ironie, jeux dérisoires,
une fois que l'esprit s'est agité, qu'il a cavalé comme un enfant, il se fatigue,
c'est alors qu'il va se reposer, et dans le calme,
le cœur peut enfin parler.
Il n'est jamais trop tard
Il n'est jamais trop tard
plein de portes restent à ouvrir
tu n'es pas seul
je reste près de toi quoi que tu fasses
ton visage me reflète
ta source me nourrit
ton sourire est ma lumière
ta force de vie est une preuve supplémentaire
qu'il faut continuer
qu'il n'est jamais trop tard
qu'il faut rester
qu'il faut y être
qu'il faut rester
qu'il faut y être
Si tu savais comme souvent je t'appelle
qu'au moindre éloignement tu me manques
que partout où je vais j'essaie de te rencontrer
dans le reflet des vitres,
dans les mouvements du temps,
dans les yeux d'inconnus que je croise
lorsque j'attends le cœur lourd
qu'une émotion me fasse sursauter à nouveau
Si tu savais comme souvent je désire
retrouver cet amour que j'ai éprouvé
et comme j'aimerais encore
y être
y rester
y être
y rester
KATIALINE SCHROEDER
Elle se présente :
Katialine Schroeder, née en 1986 à Bayonne, habite et vit à Paris.
Issue de l’Ecole d’Arts Appliqués Duperré, Katialine Schroeder, est une touche à tout, qui utilise principalement la peinture, la vidéo et l'écriture pour s’exprimer. Son travail s’articule autour de trois pôles : poésie, philosophie et performance et autour d’une question, qu’est-ce que l’existence, comment la traduire ?
« Peut importe quelle forme finale prendra mon travail, je voudrais être au plus près de la vie, arriver à témoigner de mon époque, en tant que femme, en tant qu’artiste, en tant qu’individu. »