Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - KATIALINE SCHROEDER

Publié par LE CAPITAL DES MOTS sur 5 Juin 2016, 09:13am

Catégories : #poèmes

Adieu

 

Il nous faudrait plus de temps

il nous aurait fallu plus de temps

pour comprendre ce qui est arrivé

mais nous ne l’avons pas

nous ne l’avons jamais eu

 

***

 

Au café

 

Reviens demain

attends un peu

patiente, reste

il te faut de la patience

il te faut attendre

 

Demain vient après demain

demain ne compte pas

aujourd’hui est ton seul guide

 

***

 

 

Croire

 

Tout recommence, rien ne s’arrête,

c’est infini, toujours, tout se répète,

c’est pourquoi tu dois toujours garder l’espoir

car la lumière revient encore et encore.

 

***

 

 

Passé

 

Marchant seule dans la nuit,

j’avance

n’importe où, peu m’importe.

Sauf qu’il n’y a

il n'y a toujours

que toi et ton visage,

toi et ta voix,

toi partout

tout entier

chez les autres.

Ton fantôme

il hante mes nuits,

si tu savais à quel point

ô mon chéri.

 

***

 

Souvenir

 

Nous étions au bord de la mer. En marchant sur le sable tu n’as pas enlevé tes chaussures pour sentir sa douceur sous tes pieds, tu ne t’es pas baigné non plus. Tu as passé la journée avec moi face à l’océan. Isolés dans son étendue géante bleue et dorée nous étions seuls et si dans les faits nous ne l’étions pas, il nous semblait l’être car nous étions ensemble comme nus l’un face à l’autre.

 

***

 

D'aujourd'hui

 

Tu vois, là, j’ai peur, j’ai peur de toi face à moi, j’ai peur de tomber, de trébucher face à vous. Vous attendez des héros, vous voudriez les voir mais il n’arrivent que des gens normaux, quotidiens, avec des défauts, êtes-vous déçus ?

***

 

Une nuit d'hiver

J'ai passé ma vie à t'attendre

amour

mais tu n'es pas venu

 

Je fais des pas fantômes

sur le bitume

d'une grande ville

que je n'aime plus

 

Je prévois de faire un voyage

à l'autre bout du monde

mais déjà mes larmes coulent

 

Je ne voulais pas ce qui s'est passé

sans vouloir y être j'y suis aller

j'ai tout fait pour y arriver

***

Toi

Je ne pense pas avoir trop de toi en moi

jamais je ne serais assez rempli de toi

tu es tout pour moi

***

 

Mon temps

 

Une horloge tourne

Le temps passe vite

Merde

 

De vieilles musiques passent

Les souvenirs remontent

Déjà

 

L'envie de nourriture

Une pomme avalée rapidement

Ouf

 

Peut-être toi avec moi

Mes émotions reviennent

Non merci

 

Encore quelque chose à dire

J'ai toujours écrit

Et ensuite ?

 

C'est vrai, tout est dit

Alors pourquoi ?

Discussion sans fin

Stop

 

J'en ai marre

Je veux partir, tu m'entends ?

Non

 

Je ne veux plus te voir

Pourquoi ?

Tu te prends pour moi

Je suis toi

Jamais

 

Stop pour la deuxième fois

Ok

 

C'est drôle

Oui

Tu l'avoues ?

Oui

 

Ok

A bientôt

Appelle-moi

Si tu veux

 

Si dieu le veut

Je veux qu'il le veuille

C'est pas toi qui décide

Ah non ?

Non

 

Alors j'attends

J'attends avec toi

Merci

***

 

Loin de là

 

Ici tout va bien

on s'amuse

comme on peut

tu me manques

 

Pas loin d'ici

il fait froid

mon corps se soulève

parce que le vent souffle fort

sur moi qui suis si légère

aérienne comme une plume

c'est la raison de mon départ

 

Tout près de toi

j'ai envie de vivre

nouvelle sensation

une fleur fanée se réveille

sa couleur délavée reprend vie

vivante elle s'envole

non loin de là

 

***

 

Miroir

 

Ce n'est pas moi

que mon miroir reflète,

c'est toi.

Un jour j'ai disparu.

Sans m'en rendre compte.

Face au miroir, je me disais,

quelque chose en moi reflète

autre chose.

 

***

Promenade

 

J'ai oublié, c'est horrible, parce que j'ai oublié car j'ai eu peur. Sur l'instant, tout au fond, un frémissement, une brûlure, j'ai dû courir, j'ai tremblé d'horreur. L'envahissement, cette sensation de ne plus s'appartenir, ce froid qui vous prend. Mon âme refroidie d'un coup cherche un guérisseur.

 

***

 

Le cœur brisé

 

Un cœur s'est brisé

sur un rocher.

En marchant fatigué

sur un chemin,

il a trébuché,

en tombant

il s'est cogné

sur un rocher

il s'est brisé.

 

Le cœur est éclaté sur le sol

mille et un morceaux

tentent de se reconstituer.

Petits bouts de lui partout étalés,

petits bouts de lui partout

 

Partout.

 

***

 

 

Un vide à remplir

 

Le vide qui est à remplir est immense

Remplis-moi, remplis-le de toi

l'espace est infini

laisse-le t'envelopper,

laisse-moi être près de toi

venir me reposer

juste au coin de ta porte.

 

***

 

Troisième guerre

 

Dans ma terre en paix la guerre à éclater

petits souffles coupés pas l'éclatement d'une bombe

hier, aujourd'hui, demain

partout, nulle part,

n'importe qui, n'importe quand

des tirs -

qui ? où ? comment ?

 

Partout partout ils ont frappé

la question du complot

la question des ennemis

celles des pourquoi et des quand dira-t-on

on ose à peine parler

on se renferme en soi

tous déjà prisonniers

 

M'évadant sur un chemin imaginaire

je chante en marchant, si tu savais comme je chante

pour oublier ce monde.

Puis j'observe un papillon,

sur ses ailes déployées

sont dessinés des territoires

tâches de couleurs

qui s'entrechoquent et se mélangent lorsqu'il s'envole

redevenant un nouveau terrain de guerre.

 

***

 

 

Intime

J'ose l'avouer je suis seule et déprimée

Tu vois là devant toi

je suis seule à l'heure où d'autre sortent

 

***

 

Tu es nu

 

Il n'y a plus d'ombres,

aucune

séparées, effacées, absentes, 

aucune

tu es libre.

 

Toutes séparées de toi

maintenant tu es nu et vivant.

 

***

 

 

Émotion érotique

 

Un jour j'ai vu une petite grille accrochée au bout d'une antenne sur un toit.

Elle tremblait légèrement, comme frissonnante, à cause du vent.

J'ai trouvé que ses légers mouvements, fait de va et vient à peine perceptibles,

étaient terriblement excitant.

 

 

J'ai appris que tu existais quelque part dans ce monde,

à ce jour nous nous sommes croisés sans nous reconnaître

quelque chose en moi t'attends depuis longtemps

je ne sais même plus de à qui je m'adresse

mais je sais que tu existes

je sais que tu m'entends

 

La vie est faite de douleur et d'intensité,

la vie est faite de crimes et de rêves.

Par bonheur, je suis idiote et je ne vois la vie que par morceaux.

 

Elles se nourrissent toutes de moi, je suis leur nourriture,

séductrices, féroces, ces femmes m'observent en silence,

elles jouent un jeu, elles dansent pour me cacher la vérité

elles savent qui je suis mais ne me le disent pas

comme face à un objectif, l'intensité de leur regard

est concentré dans le temps

***

Interview

Ma première réponse,

ma vraie réponse

était d'abord le silence.

Ensuite vint la panique du silence

qui entraîna humour, ironie, jeux dérisoires,

une fois que l'esprit s'est agité, qu'il a cavalé comme un enfant, il se fatigue,

c'est alors qu'il va se reposer, et dans le calme,

le cœur peut enfin parler.

 

***

 

Il n'est jamais trop tard

 

Il n'est jamais trop tard

plein de portes restent à ouvrir

tu n'es pas seul

je reste près de toi quoi que tu fasses

ton visage me reflète

ta source me nourrit

ton sourire est ma lumière

ta force de vie est une preuve supplémentaire

qu'il faut continuer

qu'il n'est jamais trop tard

qu'il faut rester

qu'il faut y être

qu'il faut rester

qu'il faut y être

 

Si tu savais comme souvent je t'appelle

qu'au moindre éloignement tu me manques

que partout où je vais j'essaie de te rencontrer

dans le reflet des vitres,

dans les mouvements du temps,

dans les yeux d'inconnus que je croise

lorsque j'attends le cœur lourd

qu'une émotion me fasse sursauter à nouveau

Si tu savais comme souvent je désire

retrouver cet amour que j'ai éprouvé

et comme j'aimerais encore

y être

y rester

y être

y rester

 

 

KATIALINE SCHROEDER

 

Elle se présente :

 

 

Katialine Schroeder, née en 1986 à Bayonne, habite et vit à Paris.

Issue de l’Ecole d’Arts Appliqués Duperré, Katialine Schroeder, est une touche à tout, qui utilise principalement la peinture, la vidéo et l'écriture pour s’exprimer. Son travail s’articule autour de trois pôles : poésie, philosophie et performance et autour d’une question, qu’est-ce que l’existence, comment la traduire ?

« Peut importe quelle forme finale prendra mon travail, je voudrais être au plus près de la vie, arriver à témoigner de mon époque, en tant que femme, en tant qu’artiste, en tant qu’individu. »

 

Katialine Schroeder- DR

Katialine Schroeder- DR

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B
Impression d'avoir été happée, emportée, bouleversée, broyée... vos poèmes ne m'ont pas laissée indifférente ..
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