À F.B
Il faut se séparer de sa colère avant qu'elle ne vous quitte. Une colère secrète qui anime sans laisser de répit. Une colère qui rend excessif, violent, injuste mais heureux aussi car elle entretient l'illusion que nous ne sommes pas seuls. Elle nous donne le sentiment d'être maître de ce que nous sommes. Je suis en coloc avec ma colère et on s'entend bien. Chacun a son espace privé et on se partage les corvées du quotidien. Elle me cuisine de temps en temps, me mijote quelques bons petits tracas et moi, je fais le ménage dans mes relations, enlève les poux si hier cachés dans un coin qui refont surface. Un simple courant d'air et me voilà chahuté en un rien de mauvais temps. Pris dans une spirale infernale, les acariens et les acariâtres me poursuivent. De pièce en pièce je suis le piton de la fournaise qui éructe. Mon sang ne fait qu’un tour, mes tempes ruissellent de sueur. Ma chemise est trompée. Je ne retourne pas ma veste et père sévère dans mes erreurs, me punit doublement. Je suis le bienfaiteur de ma colère pour ne pas la faire payer aux autres. C’est ma plus fidèle compagne. Fuir ses chants qui me poussent à me dévaster pour cultiver mon malheur. C’est coton mais les peines qui entravent le cœur pas à bas, toujours se relève et du noir de sa colère, l’homme se libère.
2 juillet 2016
LAURE WEIL
Laure Weil se présente :
Professeur agrégée d'arts plastiques, je suis aussi curieuse de littérature, de cinéma et d'architecture. J'ai fabriqué quelques livres d'artistes, dont le lien entre eux semble être l'effacement. Livres restés confidentiels. J'écris généralement pour restituer une rencontre avec une œuvre, qu'elle appartienne au champ des arts plastiques ou au cinéma.
Je cherche à diffuser mes textes parce qu'il est plus facile de se motiver à écrire régulièrement quand on sait que ses textes sont susceptibles d'être publiés.
Mes écrits sont nourris par ma culture des arts plastiques et par ma liberté à jouer avec les mots, comme s'il s'agissait de couleurs pour un peintre.