D’un battement de paupière
J’ai débranché le soleil
Pour que s’approche le soir
Et son identité obscure
Dépêche- toi jeune orchidée
L’envie me gagne confiance
Et le décompte de mes solitaires matins
Me frappe d’un dur espoir
Pose un masque de sueur
Sur ta chair presque adolescente
Ne t’effraie pas de mon souffle boiteux
Ni de mes refrains démodés
Allons, partons vers le lancinant voyage
Quart de lune et terre mouillée
Que le bruit immobile de nos souffles coupés
Annonce nos noces et rapproche nos âges.
***
Toute cette vie qui pullule et qui se représente
Cet orgueil vénéneux à vomir
Ce printemps qui sent l’hiver
Et ce clocher d’église qui sonne la fin
Et le cuivre des cloches qui cognent le mensonge
Au milieu, une tâche blanche
Voilée et maquillée
Rêvant bas et parlant fort
Dans ses yeux éteints l’enfant est mort.
A son bras gauche un cocker en smoking
Qui parle de trucs et de choses
Distribuant des sourires en rasoir
Et des poignées de mains molles
Un voyou normal que les flics saluent
Dans mon ventre creux un tambour sonne le glas
Qui frappe et qui cogne
Et qui m’assomme d’indifférence
Je jette un coup d’œil au soleil de biais
Aux enfants d’honneur
Et aux fleurs fanées
Je ravale ma salive
Et j’entends ma bouche sèche articuler
Longue vie aux mariés.
***
Assis silencieusement sur une tombe sans nom,
Entouré de pelouse en fil de soie
Il chante, l’homme
D’une voix blanche et sans mémoire
Il chante un prénom qu’il a connu
Un jour
Un prénom chantant comme un oiseau
Un piaf couleur feu jaune rouge soleil
Il se souvient des ailes duveteuses autour de son cou
Chaudes et douces les ailes
Et de la présence de son petit corps palpitant
Un trésor alors, encore vivant
Un petit être qui s’est cramé les ailes
En s’approchant trop près de l’Eternel Soleil
Il se souvient maintenant, l’homme
Du regard amoureux et fervent de l’oiseau
Alors il pleure, l’homme
Des larmes de blé, des graines en or.
Mais enfermé dans sa cage en pierre tombale
Les ailes brûlées et les yeux secs
L’oiseau ouvre doucement son bec
Et, de l’Inspire montant, sortant de ses entrailles
Il offre à l’homme le Chant
Le Chant de l’Amour qui veille
MADELEINE LOISEAU
Elle se présente :
Dès l’âge de 14 ans j’ai eu la chance de rencontrer différents metteurs en scènes qui m’ont fait découvrir leur passion pour le Théâtre. Passion que j’ai fait mienne, en jouant un certain nombre de pièces au sein de Théâtre du Nord-Ouest (Paris 9ème) pendant 3 ans ; puis à l’âge de 17ans j’ai suivi les cours de Jean-Laurent Cochet, et cela pendant deux ans. Par amour j’ai quitté Paris pour Bordeaux où j’ai commencé un atelier d’écriture dirigé par Sophie Colardelle, férue de poésie contemporaine. J’ai par la suite été admise en cycle professionnel du conservatoire de Théâtre de Bordeaux. Et par amour toujours, me revoilà à Paris, où je continue à écrire de manière régulière et studieuse, assise aux terrasses de café. Mon univers est composé d’un bric à brac de personnes, d’artistes, de couleurs et de choses…. Colette, Prévert, Vian, Gréco, Giraudoux, Proust, Tchekhov, Tourgeniev, Kundera, Nabokov, Klimt, Rodin, jaune d’or orangé, fauve, ma sœur Juliette, ma grand-mère, mon chat, Les Yeux Noirs, Mano Solo, Coluche, les paysages normands, l’automne parisien, l’été italien et les mains du serveur de café.