TERMINUS NORD
(BRASSERIE 1925)
Sous l’averse de chaleur le goudron brûle
Des bermudas filent à la plage
À la terrasse d’un café les regards se retournent
Vers la jeune fille à la robe à poix
À la pause de midi des bouches mastiquent
Des lèvres boivent un glaçon
Les assiettes vides s’entrechoquent
Et le serveur repart comme un chef de gare
Bras à la portière un taxi klaxonne
La fumée remonte vers le capot d’une berline
Un vélo carillonne sur les pavés
Sur la chaussée une casquette s’envole
L’autobus 38 s’arrête dans la rue Dunkerque
Il va peut-être vers la Porte d’Orléans
***
BUREAU DES LONGITUDES
De l’autre côté de la barrière
Je marche au bord de l’abîme
Des lignes de gel
Les poutres métalliques d’un hangar
Un talus d’herbe plonge dans le torrent
En plein soleil des mouches volettent
Sur le faîte d’un arbre
Un cerf-volant troué
Dans la nef d’une église
J’entends des roulements de tambour
Les ailes d’un corbeau se débattent
À la lisière du monde ma gourde est vide
Dans le brouillard
Les sabots d’un cheval résonnent
Extrait de « Ligne H : Paris Gare du Nord – Luzarches »
NICOLAS GRENIER
Il se présente :
Poète français, Nicolas Grenier écrit dans des formes classiques de la poésie, sonnet, tanka, haïku. Son dernier recueil de poèmes est Rosetta (suivi de Philae) publié aux Editions Echappée Belle ( 2015 ) .