Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - JACQUES LALLIÉ

Publié par Le Capital des Mots sur 3 Octobre 2017, 22:05pm

Catégories : #poèmes

En bas

 

 

Après le final brutal

J’arrache les scotches

Des cartons gris

Pour y trouver ta trace

 

Du jazz et des cadavres

Des vaisseaux de l’espace

Le sexe pris d’un fou rire

Entre mes mains

La couverture orangée

De Jérôme Bosch

 

La neige morose de l’internat

Intensifie mon désir de toi

Eteint comme un éphémère

 

Sans axe sans corps

J’avance moi fils

Sur la trace des mots

Bâtons et balises

 

Girouette rougissante

D’une intériorité rude

J’observe le monde

Dévié de la trajectoire

 

Les filles grimacent

Sous mon nez

Se demandant sans doute

A qui elles ont affaire

 

Seule une femme aux yeux peints

Me prend au sérieux

 

 

***

 

Sombriété

 

 

Le son de ma voix

Encore mal née

Ce corps d’un coup

De garçon qui chante

 

Une note carmine

Le creuset

Des ambitions roides

Soudain balbutiant

 

Faille lointaine

Parlant des entrailles

Violences braisées

Bile anthracite

L’assassinat qui perce

 

Chaque matin sans cesse

Je retourne au charbon

 

On découvre

Le phénix

On arrache

Les peaux du plexus

 

On renoue

Les fragments perdus

 

Tandis que j’accable

D’horizons pointus

Ce monde congestionné

Qui tousse périclitant

L’œil perçant du condamné

Ses poignets entravés

Me questionne la nuit

Mettant le poids de sa mort

Dans la paume du frère

 

J’attache ce message

En moi fermement

Rage vie pleur fanal

Action des basses souches

 

Le travail est à l’œuvre

 

***

 

Le guetteur

 

 

Je suis une bombe

Mes mots crochent les sons

 

C’est ailleurs que je regarde

Vert et épanoui

Une luciole dans le cœur

 

Dehors les murs sont sourds

Risquons cette voie-là

 

Plus tard je dors

Et c’est comme une liqueur

Dans le creux des veines

 

Vite appareillons

Faisons irruption ici

Sans jamais se taire

Pas avec cette main-là

 

Affolé mais pas idiot

Les yeux clignent très vifs

 

Il y a cette pierre à soulever

Et cette autre à tondre

 

Extraits de "Sombriété"

 

JACQUES LALLIÉ

 

Il se présente :

 

 

 

Né à l’Isle Adam en 1971, Jacques Lallié se consacre tout d’abord à des études supérieures de commerce. Il commence sa carrière dans l’imprimerie en tant que commercial. Parallèlement, il suit une formation théâtrale auprès de Jean-Félix Cuny. A 30 ans, il devient comédien professionnel et monte sa propre compagnie de théâtre. Il y crée et joue une adaptation théâtrale de la correspondance entre Henry Miller et Anaïs Nin. Puis il est mis en scène par Isabelle Desage sur le grand poème de Fernando Pessoa, « Passage des Heures ». Ses pas le mènent également vers le théâtre médiéval. Après un détour dans la production audiovisuelle, il travaille à partir de 2011 comme professeur de théâtre et animateur dans le milieu social avec le théâtre-outil. Dans la quête d’une alliance entre danse et poésie, il organise plusieurs stages interrogeant corps et voix. En 2017, il écrit son premier recueil de poésie « Sombriété ».

 

« Sombriété » est un ouvrage rassemblant des poèmes écrits entre 2016 et 2017. Il contient plusieurs types de poèmes en prose. Dans les formes brèves, le but est de faire jaillir de multiples images qui se lient sur 2 à 4 vers. Les formes plus longues racontent une histoire inspirée directement du vécu, du regard porté sur l’expérience de la vie. Livrant des parts d’intimité de lui-même, l’auteur garde cependant une distance permettant au lecteur de faire vivre à sa façon le poème en lui. C’est un recueil d’un lyrisme dense qui ne penche pas vers la facilité du genre. Cela aurait pu être écrit en été dans un état d’ébriété sombre et enjoué.

 

Jacques Lallié - DR

Jacques Lallié - DR

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