depuis ma fenêtre, je te regarde descendre la rue vers le croisement à l'avenue, vers les vagues de voitures. tu es comme le présent, tu passes et les bouteilles vertes de la veille éclatent dans les camions des éboueurs comme des sabliers.
*
mengya la nuit
j'ai essayé un manteau bleu que tu as porté je l'ai porté
comme une guitare porte ses cordes comme une lettre
porte son enveloppe
et quand j'ai voulu l'enlever
il s’était infiltré dans mes veines et
s’était fait cuir et s’était fait eau
et s’était fait encre
et toi avec tes cheveux noirs mouillés sous la pluie tes épaules déchirées les lames blanches dans tes yeux je te tends
une rose couleur de femme:
tu es le fil,
tu es le noeud qui attache le fil à l’épine
coupe-le -
*
CAC 40
sismographe de nos tremblements de peur,
animal qui respire, cycle lunaire,
indicateur de nos crises
cardiaques
IRINA BREITENSTEIN
Elle se présente :
Je suis née à Bucarest en 1984, j’ai vécu aussi en Allemagne avant de venir en France, où j’ai étudié à l’Ecole Normale Supérieure, et où j’avais commencé une thèse sur Paul Celan avant de me consacrer plus à la création poétique et dansée. Je suis également professeur d’allemand dans une Classe Préparatoire. Je commence à publier des textes, pour l’instant dans un ouvrage collectif aux éditions Garnier (https://classiques-garnier.co m/masques-corps-langues-les-fi gures-dans-la-poesie-erotique- contemporaine.html) , dans la revue en ligne Are We Europe (https://www.areweeurop e.com/food-content/irina- breitenstein-lus-package-of- cookies)