Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - MIGUEL COELHO

Publié par Le Capital des Mots sur 27 Avril 2018, 19:50pm

Catégories : #poèmes

 

 

 

Face à l'île des morts, je songe à Stravinsky

En sirotant mon spritz tandis que les nuages

Déchirent les dernières pages d'un grimoire

Gris-rose s'agglutinant là-bas vers l'horizon.

 

Le clapotis des lagunes parle à voix basse

Des vies aventureuses, mais nous qui nous taisons

Sur la terrasse, n'avons plus d'égard qu'aux frissons

De la lumière tombée ici de nulle part.

 

Je me demandais si le rythme imite la vague

Ainsi que le voudrait la fausse étymologie

Du mot, ou s'il ne viendrait pas plutôt d'un fond

Plus obscur, archaïque, éloigné des rivages,

Cet ailleurs éclairé de mélancolie et d'ombre...

 

 

 

 

***

 

 

 

 

Au sortir de la petite chapelle baroque

D'où fuyaient les derniers soupirs d'une aria

De Haendel perdue à jamais dans la mémoire

Et dont les harmonies étrangement modernes,

Les miniatures perlées aux traits gymnopédiques,

Se graveraient en moi autant que nous échappent

Les mots et les parfums, le contour perdu des choses,

 

J'ai compris que le monde n'était qu'un seul méandre

Continu et sinueux, qui des quelques marches

Où je me trouvais jusqu'aux confins de l'univers

Nous emporte avec lui, grand fleuve imperceptible

De ponts, de palais, de navires, de drapeaux

Et de mers doucement endormies au seuil du temps.

 

 

 

 

 

***

 

 

 

 

Nature de sable, étrangère, qui t'appartient ?

Des images du noir me reviennent.

 

Punta della Dogana (je revois une Anglaise

A la peau blanche, piquée de taches de rousseur

Qui lui donnaient un charme très dix-neuvième siècle)

 

Aucune photographie n'a su vous refléter,

Fortunes, marches de pierre, jambes de femmes

Sinon l'automne cérébral du souvenir

 

Entre Mozart et Vivaldi,

 

Miroir ou métaphore, ou profondeur encore,

Comme en écho de mes rythmes descellés,

Un visage se penche à la fenêtre, écoutant

Les bruits perdus dans la lumière du monde

 

 

MIGUEL COELHO 

 

 

 

Miguel Coelho est né en 1973. Il vit actuellement à Paris, et enseigne la philosophie. Certains de ses poèmes ont été publiés par les revues Paysages écrits (numéro 17-18, juillet-août 2013), Les tas de mots (numéro 15, 2014), Le capital des mots (avril 2014, octobre 2017), Nouveaux délits (décembre 2014), Traversées (numéro 75, mars 2015), Recours au poème (mars 2016).

 

Miguel Coelho est également pianiste improvisateur.

Site : https://www.miguelcoelho-musiqueetpoesie.com/

 

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