LES ÉRINYES
à Laurence, qui inspira cette fantaisie
Si peu d’eau dont elles ont besoin
les orchidées
postées en rang derrière ta fenêtre
gueules béantes pourpres ou
mauves pour hurler tout le jour
la beauté douloureuse et la fragilité
de vivre
les entendrez-vous
hautaines
sur leurs hampes dressées
au prix de mille et
une contorsions ?
***
LE VENT
Si chancelante l’adhésion à ta propre existence
que tu vas lestant les poches de tes vêtements
de pierres au petit bonheur cailloux morceaux
de laine marrons glanés au bord des chemins
ou ces quelques petits livres que tu prends soin
d’emporter avec toi en cas de grand vent indécis
dans les veines parfois un alcool épais
pour t’arrimer plus fermement
ne pas t’envoler avec
les feuilles
***
LA FLEUR SECRÈTE
à Mélanie, encore et toujours
De toutes les espèces vénéneuses que
je connaisse ou par ouï-dire
et souvent trompeuses leurs couleurs
aconit euphorbe ancolie
datura ciguë tous noms
plus redoutables les uns que
les autres pour la mort
au grand air lorsqu’elle déploie
ses voyelles toxiques
un dernier
que j’ignorais jusqu’à hier
derrière la fleur accidentelle
qu’innocemment tu abritais
depuis combien de semaines
en ton sein
SAMUEL MARTIN-BOCHE
Il se présente :
Né en 1977, Samuel Martin-Boche vit aujourd'hui à Nevers, où il travaille comme enseignant, après un parcours de Lettres (Poitiers, Bordeaux) et un poste d’assistant de langue (Irlande du Nord). Depuis 2017, il contribue à quelques revues de poésie en ligne ou sur papier (effectives ou à venir : Arpa, Lichen, Recours au poème, Poésie/première…). Actuellement deux recueils sont en cours d'écriture.