PIERCING
Percée, serait-elle volage ?
Sa carne est une empreinte,
Une bombe aux goupilles elliptiques.
Des anneaux d'acier nichés
En plein visage.
À ses oreilles
Où déjà siègent deux sphères améthystes,
Pendent de maigres gemmes.
Mais elle a des yeux qui m'aiment,
Une langue en argent,
La rage du sexe faible,
Aboie à merveille,
Déjoue les plans du ciel
Et de son sommeil
Émergent des rêves d'amants.
Sur sa peau armoriée
Se glissent des treilles
Aux dessins dépareillés.
Que fait le tigre au pied ?
L'oiseau sur son bras ?
Le Si et le Do sur le poignet ?
Même son nombril connaît
Cette petite mort si raffinée
Qu'offre l'Ara-kiri.
Des miettes de métal
Incrustées aux arcades,
- L'indignité est le gros de son charme ! -
Voilà qu'elle ouvre sa première plaie
Pour que le baiser de l'ingénue
Vienne se déposer
Sur la couleur pourpre scellant ses pétales.
À petit feu, les ressorts bouillent.
***
Chambre avec vue
Les marmots se défoulaient près des chaudières
Et se roulaient dans les poussières du dernier cercle.
Leur dos déjà voûté supportait leurs ascendants
Dont un pied s'engouffrait en enfer,
L'embonpoint aidant.
La poésie respirait dans le souffle
Des quelques épouvantails encore debout
Et l'hiver esquissait des mots étranges
Dans les couches des premières neiges.
La beauté du songe et l'amour pour l'amour
Surplombaient l'arrière boutique de nos carrières.
***
La Jungle
Le mélange en guise de guide
Nous marchons tous deux en éclaireurs
Vers un lit de luzernes.
Nos nerfs ne manifestent plus rien au sommeil
Et les restes de nos efforts pour le retenir sont vains
Retranchés derrière de plus jeunes années,
N'être qu'une chair nous obnubile,
Qu'un cœur dans le corps encore nubile
Les racines des arbres dormants
Sont le traversin sur lequel
Nos cheveux s'emmêlent enfin.
Et la jungle pour un instant s’éteint
En des draps un peu trop protecteurs.
Les débris de nos mémoires abattues
Lévitent au dessus des marques du monde
Où j'aurai pu naître bon.
Et dans l'espace de nos veines,
La mitraille d'un sang noir de peur
Soigne son rythme quoi qu'on en dise,
Restitue les mesures d'une musique
Dont l'écho résonne encore en moi.
Au fur et à mesure des concerts de nos murmures,
Nous plions bagages sans plus redouter
Que fanent les fleurs de tous les flirts.
Extraits de Le Ventre de l'hiver
ADRIEN BRAGANTI
Il se présente :
Adrien Braganti
Né à Saverne en 1990, Adrien Braganti a grandi dans une petite ville mosellane où il pratique depuis une dizaine d'années l'écriture. Ambulancier de métier, il est autant le témoin de la fragilité humaine que spectateur d'un décor mouvant au quotidien. Autodidacte, il compte publications et distinctions dans différents concours. Un premier recueil est déjà composé, Le Ventre de l'hiver.
- 1er prix de poésie du concours Plume d'Ancre en 2014. - Mention au sein de la catégorie «jeunes espoirs» lors du concours de l'association Les Amis de Verlaine en 2014. - Édité dans le recueil L'été d'octobre rose de l'association Femmes qui écrivent avec les loups en 2015. - Édité dans les Anthologies Flammes Vives depuis 2015. - Mention spéciale du jury au prix Matiah Eckhard en 2016. - Édité dans l'Anthologie poétique du Lions Club de Gif-sur-Yvette en 2017. - Publié dans le Poézine Traction-Brabant en 2017 et 2018. - Édité dans le recueil Ce qui nous relie par l'association Livre au Vent en octobre 2017. - Publié dans les revues Florilège, Les Cahiers de Poésie en 2017, Traversées et Les Médiations philosophiques en 2018. - Édité dans le recueil de poésie des finalistes du concours organisé par Les Amis de Thalie ainsi que dans l'anthologie du Prix de la Poésie des Éditions Robin en 2018.