Je marche
pour forger les armes
de ma solitude
exilée des habitudes
*
La pluie ruisselle
dans la lumière artificielle
Flammes d’automne
Plumes d’oiseau
allument des miroirs
dans l’arbre de l’hiver
noir
de ferveur
*
Quel cavalier seul escorta les purs sangs
de nos dérobades premières
pour nous voir aujourd’hui marcher l’amble,
ombres de travers,
dans l’écriture du sang et la poussière ?
dans le sang de l’écriture, dans l’écriture de la poussière ?
*
Cette volée de moineaux
dans l’inertie de l’hiver
allume des étincelles
jeunes pousses visibles
de la terre souterraine
qui prend déjà racines
dans le feu du poème
le brasier du regard
pour que l’été revienne
*
Bleue la première mésange
est arrivée depuis l’horizon où l’ange
de l’aube égrenait dans le premier matin
ses notes de longs silences à l’odeur de sapin
Connais-tu les mots de Francis
Giauque les mots d’Artaud
vis
à noyau
courbe proche de l’hélice
ouvrant vite et grand
l’escalier ne menant nulle part
où ton âme
sans filet
sans cesse gravite
autour du vide
portée par les pas de côté
de guides invisibles
Je vais comme Giauque
où « le soleil disloque
l’horizon
comme une averse de plomb »
Bleue la première mésange
ouvre son chant
où t’étonne l’ange de l’aube
de ses notes
de longs silences à l’odeur de sapin
*
Les ailes translucides
du soleil rythment
le tram'
way
qui éclaire la voie
Je lis Jean-Paul Klée
comme je lis Blaise Cendrars
La poésie à claire voix
sur la vie qui passe
funambule sur le rail
libellule brûlant l'air
d'être sortie de l'eau de s'envoler
la terre
way
of the sky
MURIELLE COMPÈRE-DEMARCY
Elle se présente :
L’Oiseau invisible du temps
OU
Le Poème en résistance
Originaire de Picardie où elle est revenue après des études littéraires à Paris, Murielle Compère-Demarcy (MCDem.) n’a jamais vraiment quitté ses terres, son terreau d’origine : la forêt, les livres, la nature, la poésie
ni sa résistance au monde quand il va mal, tirant revolver à blanc par la force réactive des mots : ainsi son Poème-Passeport pour l’Exil, son Poème en résistance,
l’écriture s’exerçant aussi comme une marche, un entraînement sportif qu’elle pratique au quotidien à la force des poignets et du corps tout entier, une sorte de spiritualité physique (Vélocipoème, Le poème en marche, Tournoi des VI Poèmes-nations, Montana nuage rouge, Voyage Grand-Tournesol).
Auteur autant que lectrice (elle publie dans La Revue Littéraire, Les Cahiers internationaux de création littéraire Phoenix, La Cause Littéraire, Poezibao, Sitaudis.fr, Recours au poème, Les Cahiers de Tinbad, …) elle marche le poème comme on traverse la vie, comme on respire les jours, dans une forêt des signes à la fois mystérieuse, imprévisible, voyageuse et fabuleuse. Dans un monde interprété dont la poésie rallumerait par ses orages et ses oracles les sentinelles ardentes.
Murielle Compère-Demarcy est enseignante-documentaliste dans le Compiégnois.