Caravelle
Marin sabotier
J’ai vu passer la caravelle
Moi Albert
Insolente et superbe
Caressante d'iode
Sous le roc de mon Granville
Caravelle de Lady Poetry
Armée de brumes Parme
Inondant de millions de grains
Ocre
Le phosphore goinfre de mes prunelles
Roses
Et mon tricot rayé
Bleu
J’ai filé descendant huit à huit humides
Les marches claquantes de la haute ville
Fissa ! Oh là ! Gare Albert !
Tenant mon béret à un fil pour mieux voir
Et ma large culotte brique par la taille
Sur les pontons savonnés de crachin
Oh là ! Allons ! Place ! Alors !
Parmi le brouhaha des petites bonnes en noir
Des rondes bourgeoises ronds parapluies
Des vieux loups à pipe à favoris – Hé ! doux !
J’ai vu mieux passer les trois mâts écru
Déjà bombés de Lady Poetry
Sur le décor si faïence bleue de Chausey
J’ai vu passer douce sa caravelle lente
Moi sur le quai pointe des sabots
Ses toiles flanquées de trois grands P
Grenats aux empattements graciles
Ces lettres immenses qui promettent à tous
Même au marin à Albert au sabotier
La venue sans tarder du Royaume des rayons
P – P.O.E. – trois lettres
Qui jurent à portée de doigts
D’étrave de mèche de cheveux de varech
L’heure où chaque œil est petit dieu
P – P.O.E.T. – quatre lettres
Jurent proche le jour où chaque casier
Et chaque cri de mouette
A chaque instant se déplie sans qu’il n’y paraisse
A l’endroit en fleur de lotus à l’envers
P – P.O.E.T.R.Y – six lettres
Qui indiquent sur le cadran fou l’infime sans limite
Le dedans dedans du dedans de coquille
Et l’immense sans bordure des océans grands océans
Océans se vidant bouillons dans la nuit
Battant lunes et étoiles pulvérisées
Equinoxe dans l’espace
Ocres roses et bleues
J’ai vu disparaître drapée dans ses brumes Parme
La caravelle loin derrière Chausey appelée par l'horizon
Déjà pipes dames-parapluies petites bonnes
S’en retournaient dos à la mer allant
Allant aux affaires de Granville
Albert alors moi marin sabotier j’ai su
Au milieu des ballots des îles déchargés
Des filets mouillés d’algues des chariots de tangue
Su sur les pavés du quai - 'Tention mon Albert !
Que jamais ne repasseraient en sa caravelle
Lente sous mon rocher le mirage et la magie
De Lady Poetry
*
Amy peinture
Pause en tailleur
Collantes les mains encore de peinture
La jouissance d'une fleur
Offerte à Ra qui inonde la colline
On est smoothie cool et tracas
Sous nos yeux franges de parasol
C'est mai et dix-neuf heures
Oiseau pépie tendrement et ce depuis matin
Oiseau roucoule rou-rou peu importe l'arbre quel toit
Amy a déjanté l'après-midi dans le mobile
Par le pinceau The gi-gi-girl from Ipanema
Yeah-Yeah
Yes I want her so badly
Le clocher sonne et fin de l'ouvrage au village
Di di di di do do wo wo
Yeah la boo di di yoh
Trois jours elles t'ont dit trois fois qu'elles t'aimaient
On pense au temps, l'anti-galop
A la fuite du point qu'il faut laisser
A l'abandon blanc
A la langueur de ne pas savoir
A l'avance
On pense surprises et tempérance
Rien d'écrit rouleau
Pantalon torchon tâché
Rou-rou et la confiance
On pense tes lèvres pinces de réalité
Me susurrent sur les miennes
Ceci n'est pas un rêve
Moche est la peur qui tout rend moche
On pense à un showman Québec guitare
Blouson motard l'autre soir sexy rythm
Qui bagou vannes et auto-dérise
Sous le plancher d'une haute grange
On rêve pour chaque petit demain
La jouissance d'une fleur
Rou-rou
Ra
Ce soir le clocher dix-neuf heures dit
Les mains encore collantes de peinture
Yeah-Yeah-Yeah
Yes
Smoothie, oiseaux, pinceau, soleil sous les cils
Que la vie rou-rou blanc est à vivre
Do wo wo yeah la boo di di yoh !
*
Mon sourire
Au hasard de tes hanches
Mon beau balancier
Je me fous de là où tu vas tomber
Tic et Tac
Vrai
Suspendu au pendule
Vertu et tempérance
... J'aimerais ...
Miss doute t'habite
Long road
La trace est engagée
Depuis trop pour
Tu vas pas nous chier...
A une prochaine
Des deux index je te flinguerai
Au coeur de tes yeux
Au hasard de tes hanches
Et recommencerai
De mon sourire
*
Malmö
Dans ma furare normannorum
Oh là là je te revois
Castor à poil
Plumes bleues
Allongée sur le permafrost
Et revoilà Zlatan
Entre Andromède et Cassiopée
Sa tronche de con qui fait des retournés
Astronomiques
Dans les étoiles
Près de Malmö
Tranquille c'est la nuit
J'ai le sang chauffé à blanc
Je me connais
Moi bouilloire dans la toundra
(Putain quand même Estelle
Qu'est-ce qu'on leur a mis...
Allons, allons ... )
Alors alors si lumière est paisible
La tienne
Qui porte ton nom
Doucement
Traverse-moi
Il se présente :
Quoiqu'il coure vite, Raphaël Rouxeville n'a aucun lien de parenté avec le cheval de course du même nom, crack des hippodromes, bien mieux référencé que lui sur internet. Ne croyez pas non plus votre moteur de recherche s'il vous indique que Rouxeville est sculpteur sur métal, médecin spécialisé en auriculothérapie ou encore réparateur de lave-vaisselle. Raphaël Rouxeville, en revanche, a bien publié de la poésie dans Décharge, Le Capital des mots, Lichen, La Cause littéraire et Terre à ciel.