Pour vous,
habitants de l’obscurité qui n’ont jamais
quitté les trous d’obus ni les tranchées
qui ont sombré, les yeux écorchés par l’horreur,
lors des batailles. Je viens vous chercher tous,
vous relever, vous ramener aux bois vivants
qui sommeillent à présent.
Nous attendrons ensemble les jacinthes de printemps
clochetons joyeux au lieu du glas ; nous poserons
des guirlandes de houblon tendre sur les barbelés
rouillés ; en bordure des prés nous nous assoirons
près des bataillons de coquelicots et bleuets,
compter les pétales, cœurs innombrables, d’églantier.
JANE ANGUÉ