L’ACCUEIL DU JOUR
Je prends en son mitan le jour qui s’épanouit,
La douceur de ses rives qui enlace ma vie.
Et me laisse porter par le fleuve multivers.
Croisant au firmament d'accueillantes étoiles
Pour rebondir enfin neuve sur la Terre
Cette belle planète en ses fragiles destins
Pour mieux y rapporter des nouvelles d'outre-mondes.
Et je me pencherai sur tous ces beaux matins
Pour souffler à l'oreille des songes :
« Quand nous aurons compris que l’Esprit crée le monde,
nous cesserons enfin nos humeurs vagabondes, notre aigreur sordide,
nos peurs nauséabondes. »
***
LE CHANT DU LORIOT
Loriot de mon cœur accroché au jardin
Ramage fleuri qui me tire de mes rêves
Tes chaudes arabesques vocalisent sans trêve
Mettent une frange à ma nuit, rajeunissent mon matin.
Milan du soir aux ailes pourfendant les nuées
Fondant comme une flèche sur l'insoucieuse proie.
Grisollements têtus de la blonde alouette
Qui sépara jadis Romeo de Juliette
Perçant le firmament de sa petite voix.
Bêtes des champs craintives
Affectant le chaos du sapiens indiscret
Mais souvent attentives au moindre bruit suspect.
Je vous tiens compagnie dans le détours herbeux quand la lune est luisante
Attachée à vos ailes, élytrales vibrantes, respirant votre humus
M'abreuvant de rosée.
Que d'agapes champêtres avons-nous dégustées,
Enfouies sous la ramure, de bastides boisées, jouant à saute-grillon,
Jeu de l'oie intrépide aux teintes forestières,
Tric-trac luzerne et autre jeu de dés.
Au matin je soupire de déjà vous quitter, coccinelles vernissées, lézards
Véloces et tièdes, passereaux jacasseurs.
Mais ne nous quittez pas jolies bêtes des champs,
Sauterelle dorée, libellule ma soeur.
Nous avons trop besoin de votre compagnie, nous sommes si liés,
que l'extinction d'un seul suffit à nous radier.
Prenons soin de vous tous qui nous apportez tant, et cessons d'accabler
La Terre de ces intrants.
Nous n'avons qu'elle en somme...
Loriot de mon cœur, accroché au jardin
Ramage fleuri qui me tire de mes rêves
Tes chaudes arabesques vocalisent sans trêve
Je ferme les paupières sur un monde à sa fin.
***
NEUVE SAISON
Le manteau du printemps m’est tombé sur les os.
Il réchauffe ma peau, il adoucit ma terre.
Le soleil de topaze dans son incandescence
réjouit mes chères cellules, de nouveau les éclaire.
Mes oiseaux sont pléthore et égayent les feuillus
Qui saluent de leurs branches cette armée sauvageonne.
Et je m’en vais vêtue de mon simple appareil
Aussi nue qu’une larve et cherchant son abri
A travers les feuillées, et saoule de tant d’essences,
Avec mon ami Pan, je recueille sans vergogne
La sève de la Terre pour mieux nous éclairer,
Bourgeons incandescents que je sème à tout vent
Pour repeupler ainsi le continent sylvestre.
CLO HAMELIN
Elle se présente :
Initiée au dessin et à la peinture par un grand-père appliqué et ingénieux, Clo Hamelin dessine depuis l'âge de 10 ans. On lui offre à 12 ans un vieil appareil photo Rolleiflex qui lui permet de photographier ce qu’elle peindra par la suite.
Après des études d'art dramatique au Conservatoire national de Paris, elle s'intéresse au milieu carcéral psychiatrique, et part étudier comme infirmière à l'hôpital Sainte-Anne de Paris, où elle est sensibilisée à l'art brut.
Devenue maman, elle sera typographe, puis journaliste, et étudiera l'art de la photographie.
Le travail d'Art décoratif, qu’elle étudiera chez les Compagnons de France, puis celui de peintre lié à celui de la photographie qu'elle manie avec autant de poésie, décèlent un parcours éclectique, et signifient l'aboutissement d'une démarche artistique amorcée il y a longtemps, en marge des modes, jalonnée d'acquis, de couleurs, de motifs glanés au fil du temps, des lectures et des routes.