Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - THOMAS PONTILLO

Publié par Le Capital des Mots sur 29 Juin 2020, 14:35pm

Catégories : #poèmes

un oiseau observe le temps sur ta main

il se mue alors en sable et tombe comme au retour de la mer

comme l'amour tombe de ta peau

et c'est un vêtement de lumière

que je n'ai jamais su porter


***

rappelle-toi dans la grande nuit

nous nous sommes donné le beau nom d'éternité

as-tu jamais entendu nom plus beau

de cette beauté qui blanchit jusqu'aux ombres

beauté de blessure féconde

le beau risque de vivre

***

 

mes yeux ne sont pas faits

pour scruter notre chute

mais plutôt pour les hauteurs du vivre

nous reconnaître essentiels

semblablement fiévreux

 

***

 

j'ai sous la peau ce cri comme une déchirure

la détresse d'un jardin négligé

j'ai sous la peau un homme qui courbe le dos

est-ce quelqu'un avec sa solitude

un orphelin qu'un regard qui vient troubler le présent a quitté

quant à l'abandon il n'y a pas de grammaire

quoi donc pour mesurer la distance

qui sépare le cœur de sa vérité

 

***

 

nuits qui savez tout de notre passé

suivez-moi glissez-vous dans ma chair

roulez avec moi dans les ravins de la mémoire

voyez les sources taries les fontaines renaissantes

désapprenez le jour définitivement

qui je suis dans la vibration de son regard

les jours vivent pour moi du mot fêlure

et de l'amant qui ne dit rien pour ne rien briser

 

***

mes mains dans la lumière

interrogent ce qui veille au-dessus des mots

que lire ici dans cette histoire

qui est la mort mêlée de feu

où est le grand été de marbre clair

où nos fronts portaient encore

la couleur des jardins éblouis

la perte pèse étrangement sous les paupières

 

***

 

je bats d'une aile d'oiseau tombé

du bleu vivant de nos bonheurs

si ton cœur est cet oiseau

sa chute est moins le temps que ton souffle

et moins ton souffle que l'entrelacs des ombres à chacun de tes mots


***

 

nous n'avons pas terminé d'écrire

l'hymne d'un grand orage

nous avons de la foudre dans le sang


 

***
 

j'écoutais en toi sans relâche

la nuit se creuser d'images

qui fouillent au ventre de la peur

 

ta parole alors portait à déchirure

les corps contraires qui sont battement au cœur du monde

 

dans la dissolution que plus rien ne guérit

la fièvre d'une enfance dévore ton ombre

 

mais c'est ton malheur de savoir que ton enfance t'a chassée de ton visage

 


***

dans le pli d'un cœur fatigué

toute douleur rejoindra

les mots blancs du poème


Extraits de "La nuit des corps" Editions du Cygne, 2020.

 

THOMAS PONTILLO 

 

 

"La nuit des corps" Thomas Pontillo. Editions du Cygne, 2020. -DR

"La nuit des corps" Thomas Pontillo. Editions du Cygne, 2020. -DR

"La nuit des corps"Thomas Pontillo. Editions du Cygne, 2020. -DR

"La nuit des corps"Thomas Pontillo. Editions du Cygne, 2020. -DR

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