Parmi d’autres
il y a les poètes déprimés
bas d’horizon
cratères égueulés
cheminées d’effondrement
qui taraudent le langage
au point d’articulation entre
la viande et l’os
poètes spleenéiques
cernés repliés
enfœtusés dans
l’en deçà de la bri
sure
il y a les poètes exaltés
embrasés comme lave éruc
tée
giclant hors du cratère
martelant les mots jusqu’au sang à se
couper le souffle
proprement secoués
extatiques jusque dans l’hors-soi
déjantés jusqu’à l’épilepsie
on se rejoint pourtant dans le visqueux
le poisseux le fibreux
quand la lave a re
froidi
vitrifiée en terres fertilo-stériles
il y a les poètes du pas de côté
de la parole transversale
de la chiquenaude ricanée
qui girouettent entre
la chaleur du gras et la sécheresse
acide des fumerolles
poètes au rire grinçant comme portes
mal huilées
il y a les discrets poètes de la transparence moirée
que fronce à peine la fêlure
irradiant les épousailles
du ciel et de la terre
déployant les bannières de l’or
recueillant l’écume des mots
aux mors des chevaux de passage
il y a enfin les poètes qui dé
sespèrent de jamais boire
ce fameux vin de vigueur promis
par un certain Sommelier famélique
25 mars 2010
JACQUES MERCERON
« Il se présente » :
Jacques Émile Merceron
Céramique craquelée
Majolique nécrosée
Escroquerie calomnieuse
*
Merceron Jacques Émile
Encre morne Ce jus sec Île limée
Encre écrémée Ce suce-écus
Renom écorné
Morne ronce
26 avil 2020
Voir aussi : http://www.le-capital-des-mots.fr/2020/05/le-capital-des-mots-jacques-merceron.html