9 avril. – Il est quelquefois extraordinairement doux de pécher.
10 avril. – Les paroles du Christ me suffisent pour savoir que Dieu existe, qu’il a formé le monde, et qu’il désire que toutes ses créatures agissent justement.
11 avril. – Qui croirait que cette vie n’est pas extraordinairement heureuse, en voyant la plupart des hommes courir sans cesse de divertissements en divertissements et de plaisirs en plaisirs ?
12 avril. – Notre état est si misérable que nous nous abandonnons avec délices à tout ce qui nous empêche d’y penser.
14 avril. – Malgré nos dégoûts, malgré nos tristesses, nous sommes extraordinairement attachés au monde.
15 avril. – Rien ne me semble plus inouï que je possède un langage, et puisse parler avec mes semblables aussi bien qu’avec moi-même.
16 avril. – Où la mort nous précipite-t-elle ?
17 avril. – Je relis avec délices le Journal de Julien Green.
18 avril. – Pourquoi désiré-je si vivement me rappeler l’homme que j’ai pu être, ses goûts, ses pensées, ses mépris ? Est-ce parce que j’éprouve le sentiment qu’une partie de ma vie est désormais achevée, et que je n’aurai bientôt plus rien en commun avec celui que j’ai autrefois été ?
19 avril. – Si nous sommes indignes de Dieu, pourquoi nous accueillera-t-il dans sa gloire ?
21 avril. – Ce qui n’a jamais été existe.
22 avril. – Adam aimait contempler Dieu ; sa splendeur l’émerveillait ; il s’abîmait en lui avec ravissement.
23 avril. – Comment ne pas sans cesse battre intérieurement des mains en lisant La Princesse de Clèves ?
25 avril. – Il me semble parfois qu’un voile invisible me sépare des hommes.
26 avril. – Dieu se délecte des souffrances de ses ennemis, comme des tourments des réprouvés.
27 avril. – Il semble que le principe qui a formé les créatures se soucie uniquement qu’elles se reproduisent et subsistent.
28 avril. – J’ai longtemps joui avec une volupté profonde des plaisirs que je goûtais dans le monde. Leur douceur me ravissait et faisait mes délices.
29 avril. – Je pense quelquefois à mon agonie avec une angoisse inexprimable.
Extrait de "Variations "
AYMERIC BRUN
Né le 11/06/1976. Enseignant.
Se présentant sous la forme d’un Journal couvrant les années 2001 à 2008, Variations est constitué d’environ deux mille fragments de une à vingt lignes, parfois poétiques, parfois autobiographiques, parfois didactiques, répartis le plus harmonieusement possible, ayant entre autres pour sujet la littérature, la religion et la condition humaine.
Publications :
– Variations(extraits), Les Amis de Thalie, n° 66, décembre 2010.
– Variations(extraits), Empreintes, janvier 2011 (?).
– Variations(extraits), Docks, janvier 2011 (?).
– Variations(extraits), Scribulations, février 2011 (?).
– Variations(extraits), Le Manoir des poètes, juin 2011.
– Variations(extraits), Le Grognard, décembre 2011.