Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - CATHERINE ANDRIEU

Publié par ERIC DUBOIS sur 28 Août 2012, 21:18pm

Catégories : #poèmes

 

 

 

J’ai bu tous les poisons

 


 

J’ai bu le poison du sang noir qui coulait de tes veines

 

A même tes poignets tranchés.

 

Toi et moi, issus du même lit.

 

La lune rousse se reflétait dans tes yeux

 

Ta lente agonie.

 

Tu m’as dit c’est mieux comme ça.

 

Je t’ai dit adieu.

 

Le poison blanc avait coulé sur mes lèvres, nectar des dieux impies

 

En pur délice.

 

J’étais encore une enfant, et toi déjà coupable.

 

Tu voulais me quitter.

 

Toi et moi dans un seul corps. L’écume au bord des lèvres

 

Tu as bu le poison

 

Et le ressac de la mer.

 

Au loin, le grondement du tonnerre.

 

Tu te déchaînes, tu pars, déjà.

 

Je reste, seule, avec mes sens interdits.

 

J’ai dix ans.

 

J’ai bu tous les poisons.

 

Toi, poisson-chat, tu ondules et glisses entre mes jambes.

 

J’essuie l’écume et le sang.

 

**

 

 

Présages

 

 


 

Morgane rêve…

 

Des langues de feu zèbrent un ciel d’encre

 

Présages de la grande bataille à venir

 

Horizons embrasés

 

Fulgurance

 

La pâle Guenièvre, la tête dans les mains

 

Elle voit les serpents enroulés autour de ses poignets

 

Elle se signe

 

Tend les bras vers le ciel puis s’écroule terrassée par ses visions

 

Il y a du sang

 

L’enfant qu’elle porte en elle depuis quatre mois est mort

 

 

 

Morgane s’entaille la main et dessine

 

Un dragon de sang

 

A même le sol

 

 

 

 

 

Tout autour d’elle est désolation et vertiges.

 

Au-delà d’abîmes insondables apparaît le lac.

 

Emerge des eaux un long cou suivi par un corps sinueux

 

Couvert d’écailles s’avançant en rampant vers le rivage

 

Glissant se tordant comme un reptile.

 

Un chien éventré hurle à la mort.

 

 

 

 

 

**

 

 

Visions

 

 


 

Parfois, lorsque la lune était pleine, elle allait boire à la source sacrée

 

Et se penchait sur les eaux paisibles

 

Elle allumait un feu

 

 

 

Elle égorgea son chat blanc comme neige

 

Moment cruel mais fatal

 

Car elle aimait passionnément l’animal

 

Elle eut un haut le cœur en respirant l’odeur fade

 

Elle jeta alors le sang dans le feu et appela trois fois

 

Morgane ! Morgane ! Morgane !

 

Une Silhouette se dessina peu à peu dans la pénombre

 

Une voix lointaine s’éleva

 

 

 

Il lui apparut, maigre et décharné

 

Couvert de peaux de bêtes, l’air halluciné

 

Courant à perdre haleine dans la forêt comme un animal aux abois

 

 

 

 

L’instant d’après une force irrésistible l’obligeait à se lever

 

Elle eut l’impression de quitter le sol

 

Oui elle planait… Elle survolait la pièce, elle montait plus haut

 

Toujours plus haut, toujours plus loin

 

Les yeux remplis d’effroyables visions 

 

Vaisseaux de guerre en forme de dragons

 

 

Un vol de corbeaux passa en croassant

 

Mauvais présage

 

 

 

 

Extraits de "Nouvelles lunes" ( Inédit)

 

 

 

CATHERINE ANDRIEU

 

 

 

 

 

 

Née en 1978, Catherine Andrieu a étudié puis enseigné la philosophie. Elle a publié un essai sur Spinoza aux éditions de L'Harmattan. Peintre et poète ( site d'art: http://www.catleen.eu), elle publie Poèmes de la Mémoire oraculaire aux éditions du Petit pavé en 2010.

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