UNE POIGNÉE DE BREFS
N’en finira donc jamais
de grandir l’espace
quand on marche
* * *
Montagne allongée
dans l’air et comme ayant pris
son envol
* * *
Fins lettrés
ès V de long vol
les canards pléonastiques
* * *
Une fille à réaction
longs cheveux fusant
vers l’arrière
* * *
En courant elle a souri
à contre-soleil
Brefs yeux noirs
* * *
Bref poème
aussitôt enfui
substitué par cet autre
* * *
Le temps est si court
me disais-je
Et puis j’ai vu l’escargot
* * *
Sur les mots croisés six pattes
affairées zigzaguent
– en six lettres –
* * *
Celui qui ne salue pas
a dit B’jour des yeux
– Va savoir
* * *
Sous le vent j’écoute
l’adage du vent sur le
vent des choses
Ont emporté leur vaisselle
pour voler
les grues prévoyantes
* * *
La chiromancie
des chemins
De mes pas je voudrais l’apprendre
* * *
Beaux projets
qui tenaient chaud à la tête
Casquette envolée
* * *
Ce caillou dans la chaussure
– tout s’arrête –
Petit tout petit
* * *
Eté – au zen-zen moqueur
des moustiques
la nuit sans sommeil
* * *
Et voilà que la lumière
par les yeux d’un chat
te regarde
* * *
En fermant son livre
elle baissait les paupières
et j’aimais
* * *
Sur sa bouche ingrate
avoir cueilli des baisers
de légende
* * *
Vrombissant contre la vitre
la mouche ah
la fin d’un été
* * *
Manqué la souris
Chat qui feint
la plus grande indifférence
* * *
Au clair du regard
butin pris pour son partage
Vie écrite
Un signe de croix
dans l’église
comme un voleur ─ regards froids
* * *
Nuit – Va-et-vient du trafic
au plafond
Un brouillon de phares
* * *
Ce nom recherché
dans les heures
Un blanc sur le blanc silence
* * *
Insomnie
– pas trouvé le code
secret des volets qui craquent
* * *
Sortie de son rôle
la caissière
Non programmé rire bleu
* * *
A fait signe en secouant
son tapis la femme
sans vouloir
* * *
A glissé – failli tomber
le cador
Regard circulaire
* * *
N’en finit pas de comprendre
qu’il soit mort
Lapin à l’œil fixe
* * *
Le crépitement des chaumes
sous les pieds
un tapis de notes
* * *
Sans ce trou à la chaussette
serait oubliée
la balade
* * *
J’écrirai
ce soir à l’ancienne amie
— Ne te souviens pas
Peu de chose ici
Seulement
un Bref de onze mots secs
* * *
Le vent a lavé
ses verrières
Pas mal – sauf un peu de gris
* * *
Griffonnée
sur le grand cahier du mur
la dernière mouche
* * *
Perdu mon bâton
de balades
– Doit dire aux talus ses tours
CLÉMENT G. SECOND
Il se présente :
Né en 1944 au Maroc, qu’il quitte pour la France en 1958.
Professeur d’espagnol, documentaliste puis personnel de direction de l’Education Nationale.
Vit en Espagne.
Écrit depuis 1959 : poèmes, nouvelles, notes en cours sur la pratique de l’écrit. Quelques communications artisanales à diffusion confidentielle et sous
pseudonyme. Deux nouvelles et six sonnets parus récemment dans Le Capital des Mots.
Lit d’autres poètes, auteurs de nouvelles et romanciers de toutes époques, dont la nôtre (via les livres et internet) et s’intéresse aux autres formes d’art
(photographie, peinture, musique en particulier).
Échange avec quelques proches et amis (rencontres, correspondance).
Aime fréquenter toute écriture qui « donne à lire et à deviner » (Sagesse chinoise ), dans laquelle « une seule chose compte, celle qui ne peut être expliquée »
(G. Braque), et qui relève du constat de Camus : « L’expression commence où la pensée finit ».
Contact : a1944@hotmail.fr