Moody blues
Mais rien
Une absence
Un passage à franchir
Un frôlement
Une éraflure, d'accord
Une rivière étrécie, des galets sur mesure
Des éclats de soleil en surface
Qui palpitent
C'est comme un silence avec des mots dedans
Des mots d'échanges tus
Et puis plus rien alors
Un moody blues
Ça n'a pas d'importance
Ça n'a pas d'incidence
A peine un geste suspendu
Ça ne veut rien dire quand ça tremble
La main, la voix, le paysage qui devient flou
Tout ça
Du limon sur les rives
Et le courant l'emporte
...
Mais rien, je te dis
C'est mon coeur mécanique
Il ne bat pas trop fort
Il met des majuscules là où il n'en faut pas
***
D'où viennent les images
Une page de sirocco cette nuit s'est ouverte
Un souffle à peine plus appuyé que le silence
Un gouffre de sud dans la brèche
Je n'invente rien
Ocre, la neige au matin
C'est comme ça que les mots suspendent à la mémoire
Des chapardes d'images
Des horizons noyés
Des tempêtes éteintes
La mer bat dans les tempes
Un ressac de nuits et de jours et de nuits
Lorsque le ciel arbore
Un soleil amarré à l'encre des orages
Je ne sais plus alors à quel monde appartient
L'aube ainsi convoquée
***
Le cercle des amis poètes disparus
Je parcours le silence des cryptes païennes
Parole désertée
Feue la tienne lâchée comme un satellite sauvage
Et sans orbite
Ecris moins fort, s'il te plaît
Je ne nous entends plus
Tout juste l'empreinte acouphène
d'un bourdonnement de psalmodies
C'est à douter même de la chair
De mes pas dans les tiens
Un oeil de cyclone ?
Chambre d'écho sans écho
Camisole de nuit où rien ne résonne
Calfeutrée dans l'oubli têtu comme une punaise
Et qui te pue dessus la peau
De tes poèmes
COLETTE
DAVILES-ESTINÈS
Naissance au Vietnam, enfance en Afrique. Anciennement paysanne, aujourd'hui citadine.
Elle puise son inspiration dans un sentiment de perpétuel exil.
Quelques textes publiés à La Barbacane, LE CAPITAL DES MOTS et La
Cause Littéraire .