Tu dors
Tu dors
La mer brisée grosse noire et lumineuse sur la nuit noire mate
Une nuit à la Soulages
L’écume que je ne comprends pas
M’ont déposé à côté de ton sommeil
De l’anneau de mes doigts je m’accroche à ton poignet mince
Chaîne d’osselets
Ligne de vie de ma chance
Dans l’eau tranquille de ta nuit, j’aimerais me glisser entre les feuilles
de tes rêves
Comprendre l’écume du silence disjoint de tes jours
Je m’amarre à ton poignet
***
D’un point à un autre
Quand j’étais enfant, les pages blanches des livres portaient des chiffres que je
devais relier dans l’ordre pour qu’apparaisse le dessin.
Je sème sur des pages maculées des chiffres en sablier; ai- je relié les bons
points/aurai-je un bon point ? Quel sera le dessin ?
Je tombe dans la rue ; la main du vent ouverte ; ses doigts ne portaient pas de bagues.
Derrière la haie/attaque/les dents dures / le ventre mou/les tripes
secouées/carnage/ dîner/quel témoin pour écrire le cri rouge de la proie
Seuls ceux qui sont morts peuvent le voir
Poussé dans le vent, cet automne de plumes imagine une vie
Le souvenir d’un corps
L’instant lentement redevient éternel
***
Un lundi
Un lundi matin/d’hiver/de vacances
La ville est une forme qui tient par l’instant et le silence
Un ciel encore filasse
Et son bleu peint en or à plat, sans ombre sur les murs du couvent
Au-dessus des arbres de la place dont la cime n’est encore qu’effleurée par
le soleil
La cathédrale informe.
Qu’attend-on : un masque de tueurs un jeu de masques aux cordons sanglants, le
futur découpé par la mitraille soudaine des guetteurs, un rendez-vous cochère et
un adieu de café-théâtre qui se terminera au train de 7 heures 15 ?
Le soleil a durci
Il marque les ombres sur les pierres
Le décor éphémère sera déchiré par les pas des premiers passants
aux exhalaisons de café
Il se présente :
Dominique Bouglé,
Né le 30 janvier 1953, marié, trois petits enfants.
Pédiatre hospitalier et cadre dirigeant dans l’industrie.
Les premiers peintres qui surgissent quand je pense à un peintre sont Le Caravage et Nicolas de Staël ; pour les écrivains, Julien Gracq, Jean Giono et Philippe Jacottet.