I
Putain ! Je me souviens, Hispala Fecenia,
La Nature de deuil
En Automne, les feuilles
Mortes drapant les champs d’avant Saturnalia.
L’âme du monde murmure : mélancholia,
Les herbages se feuillent
De gris et roux cercueils
Lors que tranquilles s’en viennent Bacchanalia.
Que n’ai-je, comme l’écureuil aux Lupercales,
Dormi ces temps glacials,
Noirâtres et rassis ?
Le père de mon père était fils de Saturne,
Fils d’âge d’or nocturne,
Putain ! missed ecstasy.
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II
Mon trône était la boue sale du faîte d'un tertre. La plaine en bas dormait, et comme Égée sur la grève, je guettais l'immensité qui de vent balançait. Quelle est claire la nuit noire ! Des ombres flottaient au fond de la combe, amassées, accrochées l'une à l'autre, l'écho me portait des plaintes et des peines : c'était une mélodie de gémissements, et j'étais bercé dans mes rêves.
Un gros butor s'éleva dans le ciel, ses ailes immenses cachèrent la nuit ; il était pédant et fat, aucunes de mes pierres ne l'atteignit. Dans une ascension lente et cruelle il m'observait, et pas un cafard dans la plaine ne se put dissimuler.
Je vis, je vis en cet instant la face du monde ! L'hideux monde qui me voyait désormais ! Au fond de la fosse, des corps s'élevaient qui suivaient, tout là-haut, la course d'un prince aux plumes dorées. Las ! C'était la clarté ! Las ! Le charnier en bas s'agitait et ce que j'avais cru une mer palissait et verdissait.
Des hommes à la face rongée et sans mains, des femmes aux seins déchirées et sanglants etc.
« Que me veux-tu, sinistre voyeur? Pourquoi toujours prends-tu ton envol? N'as-tu pas compris, sinistre voyeur, que je suis le roi des terres où l'Homme est las de ses traits? »
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III
La danseuse
Tu n'es qu'une danseuse
Au bout d'un long bâton,
Un frivole toton
De volute oublieuse.
Ta guinche est comme un voile
D'écumes éphémères ;
Un souffle et se dévoile
Le monde derrière.
Danse, danse oublieuse !
Tu brûles lentement.
Danse mais lestement,
Jusqu'aux lèvres rieuses.
Tu t'épuises, heureuse?
Ta ronde qui s'arrête
Ne m'est plus savoureuse.
Fumée de cigarette.
GUILLAUME COISSARD
Il se présente :
21 ans, élève à l’Ecole Normale supérieure de Lyon, j’étudie la philosophie. Je n’ai rien publié. Je cherche pour l’instant simplement le partage de ce que j’ai pu écrire dans mes instants d’oubli.