Sans aria de temps ni de perte, les nuits sont transhumances
vers une haute mer de rencontres où les mots brasillent sur les lèvres.
Comme les morts parmi les vivants, le passé s’y invite
pour se fondre au présent et abolir le temps.
Mais les réveils ne sont qu’échouements,
écroulements des rêves appesantis d’un coup,
bientôt broyés par les mâchoires d’un ordre irrévocable.
La poésie est la bouche du silence.
Tant de douceur voilée
de frôlements de doigts
de serrements battus
étranglés,
tant de ciels
de prés dans la lumière
de rires ébréchés,
( le soleil roitelet se souvient-il qu’il pépiait dans le ru ?)
– Ô les amours de battage
et les batteuses en liesse
la peur nuitamment des petits
le bois des bêtes sélénites –
et tant de trains manqués
de bris de voix
de verres choqués
qui tintent sous le toit,
brèches du temps
tant de serments tus
tant de silences
de mots scellés,
dans les fêlures jaunies
des anciennes faïences.
Sur ta ligne de survie, écris,
creuse ton sillon, trace l’épilogue
d’une bulle d’éternité,
cette larme de rosée qui éclate,
dérobée déjà au jour qui naît…
Faute de percer son mystère, écris,
creuse dans la fausse écorce l’insoluble question.
En attente de quoi, pour combien de temps,
tes racines te poussent, ton poème te sauve.
Le temps court, valse et dévale vers des chutes annoncées..
En vérité, il n’y a guère que la poésie pour jouer les fontaines pétrifiées.
JACQUES ROLLAND
J’ai 57 ans, j'exerce le métier d'éducateur de rue et suis le papa de 2 enfants.
Après un retour tardif à l’écriture et surtout à l’édition (un unique recueil de jeunesse publié aux éditions de l’Athanor - J.L. Maxence - en 1976), des poèmes ont été publiés sous mon nom ces dernières années dans des revues papier ou en ligne : Le Capital des Mots, Francopolis, Pleutil, Ecrits…vains ?, Comme en Poésie, La Page Blanche, Les Cahiers de Poésie…