Dans le travail pénible de l’âme
Fin de vie –Vie dessaisie - Désir de mourir
Poésie
Mort entendue
Évadé
sans aide pour tuer le temps trop long
des liens du corps
tu mènes
paupières vaincues par le sommeil
la vie double des hommes oubliés
&
Vivant
sans avenir
dans le passé
tu parcours
accablé d'ans
la secrète profondeur de la nuit
tu sers
placé parmi les vaincus
le monde mécanisé
&
Vivant en rêve
vivant éveillé
épouvanté par la vie agonisante
tu entends
langage de la mort entendue
l'existence déchirée en lambeaux
qui rend inacceptable
les réponses du sens commun
Contrarié
Précipité
voué à la mort
dans le grand abîme
tu donnes
troublé de crainte
la dernière représentation
tu n’acceptes plus
désobéissant à l’esprit du temps
la clarté des mots lisses usés
&
Reposé
larmes invisibles cachées sous le rire
dans le perdu
tu t'exaspères
voix de la raison non entendue
entre la vue matérielle et la vue de l'esprit
dans la lutte contre ceux qui permettent de vivre
&
Soumis
sans aucun espoir d’évasion
à l’inévitable nuit
tu ne comprends plus
seul avec tes pensées
les lois qui portent le monde visible
tu vas à pas lents
vie retardée
vers un commencement inconnu
Écouter la déroute
Disposé
par le malheur qui retourne le monde
tu le regardes
affamé
humilié
tu comprends
cœur arraché
son agonie
&
Âme endolorie
par le voile de la mort étendue
sur ses yeux obscurcis
tu attends
dans la solitude du chemin allongé par les médecins
son dernier adieu
&
Emparé
dans le jour écouté
par l'avenir
tu le perçois
douleur surmontée tenue tranquille
agité dans ses rêves angoissés
tu le sais
désarmé
face à la mort inévitable
Secouer la raison froide
Élancé
prêt à toutes les joies
dans l'avenir
tu le sais
brouillard de la mort approché
arrivé à la fin des jours fatigués
tu quittes
porte claquée la maison des médecins
tu acceptes
veilleur importun
l'inéluctable
&
Veilleur
révolté contre les hommes à la domination insupportable
dans ton corps endormi
tu refuses
confiance en la raison perdue
l’obéissance
&
Parti
privé de la parole
sur ton propre chemin
tu veux
à l'horizon limité de la vie
secouer
l'aveuglement
l'inertie
des hommes en blanc au cœur froid
Chaos proféré
Lancé
dans le travail pénible de l'âme
sur la vie profonde
tu le vois
malade retenu à l'univers vivant
patient trop vivant
tu interroges
préparé à la mort
la réalité effroyable de l'instant
tu n'acceptes plus
patience perdue
la conviction du médecin
&
Yeux dans les larmes
tu préfères
le chaos
la destruction
à l'ordre médical
tu demandes
rendu à la merci du temps
des comptes à l'univers
&
Mort crainte
parce que tu es fort de ton savoir
tu refuses de tirer
vertu tirée de la soumission à la règle
sur ses yeux
le suprême rideau
La loi des hommes
Ciel obscurci contemplé
tu prétends
en désaccord avec les idées ordinaires
donner délivrance
tu attends
agonie du souhait en cœur
offrir la solution silencieuse
&
Déçu par le voile de la mort
qui ne vient pas
sur ses jours passés dans la nuit
tu souhaites
âme perdue sans bruit à tout jamais
enfreindre la loi des hommes
&
Devenu
du point de vue de la loi
le criminel au deuil en cœur
tu veux
mal fait à toi-même
amenuiser
dans le chagrin de tous les jours
son temps
JEAN-PIERRE PARRA
Des livres de poésie et de théâtre publiés aux Editions Sol’Air et Dessables.
Participation (avec des textes) à des expositions, et des installations appelées « Fusion » avec l’artiste Mariannic Parra en France, Italie, Espagne, Taiwan, et USA.