MONDE-LAGON : L’ÉCHINE DE PARTAGES
nous sommes des lagons nacrés de mil parallélismes mythiques,
paysagés dans nos séparations, paralysés dans nos rajeunissements
insouciants. nos rapports sont d’une historicité inracontable, d’une
tentative infructueuse de décryptage. nos richesses se dissolvent dans
des ardeurs luminescentes : nos rêves aériens sont autant de signes de
partages silencieux, d’airs lointains, d’impatientes verdures, d’avions
enviés. qui pourrait nous décrire les nuages des continents d’ailleurs,
éterniser nos contours fugitifs. graver nos esprits dans les mouvements
éternels, dans les changements ensoleillés. dans les lumières célestes
de solennelles éternités. nous sommes un monde de milles lunes
inachevées, un monde écarlate épris de différences, de traces de
mémoires, d’identités partagées, d’ouvertures infinies sur l’altérité.
qui est le dépositaire de nos effusions sentimentales, de nos
épouvantes marines. de nos représailles et de nos écarts. qui dans ce
monde de possibilités atlantiques. dans ce monde de chairs aimées
en commun, aimées en partage. des continents ouverts, de temps
renouvelés dont nous sommes les témoins inébranlables. témoins
des parfums de l’indigence des terres. en partage. et de l’indicible
richesse de nos rêves délicats, du déferlement de talentueux demains.
on multiplie les brûlures de soleils jamais vus. on facilite sans cesse
la justification de ses défectuosités. une déflagration des aires inconnues,
des régions oubliées. une lividité littorale à entrer dans le cœur. sans
litanies. sans ferrure. tout est lisible dans les rides du monde. les mondes
lisses des écharpes volubiles viennent nous rassurer du futur. les
micro-continents de nos sentiments se heurtent, s’embrasent. notre
monde des emboîtements est une émanation de lumières stellaires.
notre monde des mondes est rencontre, embarcadère, matelassure
chaleureuse, juxtaposition manifestée. l’incarnation des retrouvailles,
l’échine des vécus mis en commun. notre monde des mondes est
une échelle des miracles micro-physiques : des projections de l’âme.
nous sommes des micro-continents rompus qui ne se complètent que
dans l’échange des diversités, des ailleurs humains. dans l’ici recomposé.
notre monde des mondes d’exploitations emmaillotées, de régurgitements
rauques et suffoquants. monde de succès électriques, de fortunes insolentes,
de notoriétés rapides. notre monde des mondes insulaire, fatal. un
monde crédule, fragile et intouchable. un monde de tragédies immédiates,
d’exploitations qui s’amoncellent, de privations qui hurlent autour des
désespérances suicidaires sans demain. un monde ensoleillé, nocturne. un
monde amaigri qui se débat, qui brille et fleurit. notre monde des mondes.
KÀROLY SÀNDOR PALLAI
Károly Sándor Pallai est chercheur doctorant à l’Université de Budapest - ELTE. Il est le concepteur, le fondateur et l’éditeur en chef de la revue électronique Vents Alizés et de la maison d’édition électronique Edisyon Losean Endyen, conçues pour assurer une diffusion d’accès libre étendue aux auteurs de l’océan Indien, de la Caraïbe, du Pacifique et d’ailleurs. Il écrit et publie des poèmes en français, en anglais, en créole seychellois, en espagnol et en hongrois.