I.
A l’approche du soir
on voit les écoliers
rentrer chez eux.
Et s’installe le rituel
des sorties rassurantes :
les mères et leurs landaus
poussettes de cartables
sacs de cris et de rires
que j’ai gardés
dans une ancienne gare
désaffectée
avec les carreaux cassés
des fêtes des enfants
(ils ne seront plus remplacés
dans nos années)
A l’approche du matin
nous n’entendons plus
les bruits des noctambules
dans les rues désertes.
II.
Nous n’avançons pas vers la Lumière
(c’est dur hein de le reconnaître !)
L’avenir est vide
rires et
chants
sonnent
faux.
On accorde des lampions
on décroche des guitares
on s’agite.
On s’agite
pour des fêtes décalées
tant de futilités
figures du déni essentiel
exigées par la vie.
Nous reculons à grands pas.
Aveugles et sourds.
La catastrophe climatisée
(ô combien civilisée)
nous frappe
délétère.
Le ciel sournois reste bleu
et la campagne verte.
Nous aurions tant et tant à apprendre.
encore.
III.
Arrivé à huit ou neuf milliards
d’unités tragiques
mais qui s’en va en masse
hissé sur ses échasses
de mégalo pas beau
de miséreux peu fier.
C’est l’Homme collet monté
colosse ou même pas
mais pied d’argile- oui.
Quand tout s’écroule
il y a des trous
des trous de bouches de morts
des trous de terre vivante
noyés de métal liquide et de sels.
Quand tout s’en va
qui s’en va en masse
l’Homme
l’Homme
Après avoir cassé
tant et tant de choses
tant et tant encore
et fait advenir le règne des méduses
dans les océans morts.
Quel être s’en va
sans le savoir.
C’est le clou de l’Evolution qui s’en va.
sur une épidémie par ci
un déluge par là.
Un air de clairon taratata.
Alors il en faut
des rodomontades
des marchands de canon
et tant de réfugiés
massacrés
(et ma famille dit l’homme
toujours seul dans la débâcle).
C’est qui qui s’en va
à huit-neuf milliards
d’unités tragiques
c’est l’Homme.
Les têtes sont têtes de morts
ne font plus rien
bientôt.
IV.
Tout est usé tout est usé
Le marcheur saigne des pieds
Tout est familier et futile
Tous les détours sont inutiles
Ignoré le Fondamental
« Penser Global Agir Local »
Ils tuent la terre des enfants
Hommes à jamais récalcitrants
Penser Global Agir Local
Toutes tous dans le même bocal
Penser Global Agir Local
Disent aussi des multinationales
Mais c’est surtout pour leurs poches
Et tant pis pour les mioches
De là-bas d’ici ou d’ailleurs
On ne pense qu’à faire son beurre
Que de drapeaux que de flammes
En route pour un dernier drame
Et Cassandre est fatiguée
De n’être jamais écoutée
Tout est usé tout est usé
Et l’Homme saigne des pieds
Bientôt ne restent que des soldats
Mercenaires ou pauvres gars
Pour mater tant de révoltes
Stériliser tant de récoltes
Affamer les pauvres et les vieux
Dans un fracas silencieux
Et Cassandre est fatiguée
De n’être jamais écoutée
Plus jamais ça plus jamais ça
Pauvre slogan de trop de foi
Tout est cassé et stérile
Et tous les pleurs sont inutiles
Les survivants vont défiler
Une occasion de parader
Vive l’Assassin de la Terre
A qui la foule est étrangère.
Extraits de Si tout se casse la gueule
NASHTIR TOGITICHI
La cinquantaine, psychologue clinicien, travaille dans différentes institutions.
Ecrit de la poésie pour vivre.
-Publications sur le net : http://www.le-capital-des-mots.fr/
http://www.francopolis.net/rubriques/coupdecoeur-textedecembre2012.html
http://www.paperblog.fr/4460482/le-capital-des-mots-nashtir-togitichi/
-inédit : Si tout se casse la gueule