HORS SOI (suite)
comment ça va ? on entend
qu’on dit comment ça va
alors contracter légèrement
pommette et coin de lèvre
ni plus
et ça va on entend
qu’on dit ça va
ou bien et toi ? si c’est toi
quelque autre du même nom
*
pelotonner comme on peut
chien de fusil les mots gelés
dans la bouche
afin de si possible
rompre la glace entre soi
centimètre par
*
et puis couché presque
on est que poussière
mouton
des plis incrustés dans le dos
miettes fichées dans les plis
de l’odeur encore juste
juste un peu plus vieille l’odeur
un peu rancie de soi
des éclats de peinture
blanches on sait
le bas des plinthes encombrées
de neige
par quel bout remonter
-trop d’angles morts-
la pente
le puzzle
*
au final bien peu de mots
si peu de choses il reste
à la tranche du livre
un lambeau de chair
commune c’est tout
*
ce qui vient entre deux
eaux vivre ou
certaines formes de
ça s’appelle ou se nomme
une respiration peut-être
artificieuse à souffle
compté même pas coupé
du silence trouble et stagnant
entre deux
*
avec ça vouloir malgré tout
centre et ligne
de flottaison
voir encore plus loin que soi
et puis ne pas
(toujours)
ne pas ce sont soubresauts
des spasmes c’est selon
plus ou moins de naïveté
mêlée à l’eau
*
on en vient à se rompre -et souvent-
ses racines ses ponts
l’intérieur de la peau retournée
comme veste
d’un autre côté l’envers de velours
c’est les autres l’envers
et pour soi dedans
la face rêche urticante et jouisseuse
*
pas facile certains jours non
le réseau de nos fibres
à bout porté à bout
de bras porté à bout
déporté des bords de nos doigts
des bords l’ossature de nos mains
pas facile non se connecter quand
le réseau de nos fibres sature
non pas facile non
*
d’autres fois le derme et l’épiderme
forment une couche épaisse
de métal bien ajusté
ça gêne les mouvement bien-sûr
mais on s’habitue vite
des processeurs à la place des nerfs
petites caméras pour les yeux
tout un vocabulaire prêt à l’emploi
ça gêne les sentiments bien-sûr
mais on s’habitue aussi
et puis ça dure ce que ça dure
pas plus mal après tout
pas plus de mal on se ressemble
juste assez pour le change la monnaie
de singes l’habitude
*
hors soi guetter des îlots
-frôler des aubépines-
semblants de vies des contours
aux effluves mouvantes
(on croirait des semblables)
afin de
mais sans le dire
à quoi bon
l’air d’y toucher
*
des listes
choses vues pas vu à voir
lire faire surtout ça faire
des trucs en retards de la
tambouille quotidienne pareil
ça fait qu’on rallonge la liste
en attendant
-quoi ?-
on sait bien en attendant quoi
( à suivre )
RODRIGUE LAVALLÉ
Rodrigue Lavallé est conseiller d’insertion professionnelle dans la région Lyonnaise.
Il publie des textes dans des webzines tels que Le Capital des mots, Voxpoési, Ratures, Soc et Foc (florilèges)...
Certains sont parus dans des revues numériques ou « papier » : Incertains regards ; Bleu d’encre ; 2000Regards ; FPDV ; Les tas de mots ; Le livre à
disparaître ; Paysages écrits ; Vents alizés ; Comme en poésie ; L’assaut ; Levure Littéraire ; Traction Brabant ; Gelée rouge...
A paraître : Recours au poème (septembre 2013) ; Haies Vives (Septembre 2013) ; Nouveaux délits (Octobre 2013)...