Nous devons être musiciens et ils doivent être nos maîtres,
nous poètes malheureux d’user de mots
toujours trop lourds à nos oreilles avides
de cette harmonie dont le cœur a le souci.
Nos mains blessées se tendent vers Celui qui habite la mélodie,
pleines de la lumière d’un jardin en été
quand le soir venu nous le quittons un livre contre la poitrine,
les mots se sont mêlés à la poussière d’or.
Dès que j’ai entendu
je t’ai aimé musicien,
toi qui colores le temps.
Les jours n’auront plus jamais le même visage :
la joie simple de s’émouvoir.
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La musique donne à vivre
la vérité de nos larmes :
nous ne souffrons que d’aimer.
La musique donne à voir
ces plages intérieures où soufflent les vents de notre enfance,
où les joies d’adolescents se mêlent au secret de l’amitié.
Vieux camarades ! Je ne sais plus qui vous êtes aujourd’hui,
mais les saisons continuent de parler pour nous,
l’aube à jamais se lève sur le secret de notre alliance.
Vieux camarades, nous refusions les notes au néant,
persévérance amoureuse de la mélodie
insoupçonnée d’ardeur quand nos cœurs restent muets.
La musique fait son œuvre de lumière.
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Je cherche dans les ténèbres des mots
ce qu’il y a de vrai dans leur voix,
j’attends l’obscure révélation du vide
que creuse en moi le vertige de la note.
Je ne veux plus que déjouer
ce qui nous éloigne du proche ;
moi qui ai désiré si fort le parfum de l’aurore
et qui ne sais pas chérir cette main nue qui se tend.
Ah ! Quand serai-je enfin digne de grandir ?
Si je me suis égaré,
que les maîtres de l’invisible me conduisent
vers les heures pleines de lumière.
***
Dévêts-toi de tes haillons
et prends garde à ceux dont le charme est un poison,
leur parole n’est qu’une pâle imposture.
A toutes les croyances consolatrices qu’ils professeront,
oppose-leur le serment d’amour , la beauté douloureuse.
Embrasé dans les jours proches et lointains
fort de la vraie lumière tu te tiens debout
et ton corps s’ouvre à d’autres images.
Dévêts-toi de tes illusions
et quitte cette terre pour la terre qu’Il a promise,
la peine y est plus vive
mais la joie plus parfaite.
Attache ta pensée à ce qui n’a pas de visage
mais fais-le en l’oubliant,
Il t’attend.
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Etait-ce un rêve ? Il vint aussi léger que la rosée
murmurer à nos oreilles
ce que nous avions entendu il y a si longtemps
et que les jours ont recouvert de leurs cendres.
Je demandais : accorde-moi les mots qui nous délivreront,
les notes pour aimer, les notes pour nommer.
Ta parole est ma patrie,
Ton souffle le vent de nos jardins oubliés.
Toi sur le seuil sans jamais le franchir,
la musique est dans Tes mains.
THOMAS PONTILLO
Thomas Pontillo est né en Lorraine, en 1989. Licencié en philosophie, il poursuit actuellement un master philosophie à l’Université Paul Verlaine de Metz et à l’Université du Luxembourg. Publication dans diverses revues comme Arpa , Comme en poésie, Le capital des mots, Libelle ainsi que dans un recueil collectif paru aux Editions Flammarion (Poèmes en LOFT).