L'esprit des légumes, impression vespérale
La saveur du sucre d'asperge me remonte
aux oreilles et c'est comme si le ciel et la terre
tombaient sur mon fromage et c'est comme un élan
déhanché qui se goberge au milieu du vent
et le cœur qui n'y comprend rien s'unifie
dans sa moiteur mièvre et il se hausse
sur ses talons pointus comme des poules éperdues
de leurs chaleurs récalcitrantes sous le soleil
ô ma liesse impardonnable ô ma vapeur
de me sustenter à votre réprimande
je suis là ô je décline dans le bol opaque
mais je garde au fond l'idée des dindons furieux
la fureur des oboles épileptiques
et mes légumes s'endorment, dubitatifs
***
Debout, les efforts surgissant, debout les âmes
qui se déplacent sur le ventre, qui se dressent
faisant face aux multiples faces du monde qui se presse
debout, plus haut que le toit du ciel en larmes
rire un bon coup pour se cogner plus loin
rire et explorer avec des mots qui se poussent
les arpenteurs du sol, les affronteurs de mousse
qui se lèvent, qui tombent, qui se relèvent sur les poings
le combat du premier âge n'est qu'un premier
tressaillement qui s'allonge en postures mouvantes
qui chante, un geste batailleur et neuf qui chante
debout pour aller jusqu'à la fin des années
dont on parle sur des images qui ressortent toujours
debout, chantant, en se cognant le front aux jours
***
La pièce est ronde, établie dans l'obscur
et j'y suis allongé, attentif à l'oubli
c'est comme une fausse route dont je ne suis pas sûr
où je ne me perd plus, où plus je réfléchis
Mes astres de solitude sont pourtant encadrés
de pleins et de déliés reflétant tout comme l'or
je suis l'épié de mon âme dedans dehors
c'est mon oeil personnel, c'est moi qu’y suis noué
Mais tous les jours j'oublie, j'y suis très concentré
et tous les jours vous passez car c'est de votre temps
votre temps d'un temps présent, le mien n'en vaut pas tant
Je tourne ma pièce ronde, m'heurtant le front à chaque tour
la barre de fer fixe, j'oublie que c'est un jour
attentif à l'oubli, j'oublie de me baisser
XAVIER FRANDON
Il se présente :
Xavier Frandon est né Vierge ascendant Balance et Bouc de surcroît quelque part sur les bords d'un fleuve. Après des études consacrées à une des lorgnettes de l'humanité, Il émigre en région Parisienne en 2006 où il est l'heureux détenteur d'un métier tout à fait normal mais dont l'occupation légitime l'enrichit quasi quotidiennement. Il publie quelques articles dans des revues mais surtout...mais surtout ça ne rigole plus du tout depuis que ses poèmes emplissent des milliers de pages que le monde entier, avide, frétille d'impatience de découvrir. Il cherche des contacts, des intéressés de curiosités, avec qui partager le fond de sa pensée tout aussi indispensable pour lui-même que celui de son coeur.
Il tient prêts dans ses tiroirs des trésors qui ne demandent rien, mais qui sont là, qui attendent leur tour de passe-passe, qui attendent.
(Le Moulin de Poésie, Le Capital des mots, Paysages écrits, L'Autobus, Libelle, Gelée rouge, 392, La Traction Brabant, Le Florilège Soc et Foc, Microbe, Comme en poésie).