L’homme aux semelles de vent
_ Non, ce n’est pas vrai.
Rimbe n’a jamais dit que tu pouvais parler pour lui
Depuis ton Hôtel Lautréamont 5 étoiles,
Depuis l’autocomplaisance de l’Université
Et les hamburgers de Utah.
_Non, non… Messieurs!
Tout d’abord:
Je vais rêver cette nuit que
Tes yeux sont ceux de Rimbe
Comme la bonté d’une femme qui ment
Et à qui je ne lui demande qu’un mensonge.
1-
D’accord, on décharge le charriot:
Juste quelques bouteilles de vin et les coquelicots de Rimbaud.
On a grandi sans nous rendre compte, et maintenant on attend sur le chemin.
On était au moins près des gens et de leur terre,
Bien que que toutes nos habitudes soient corrompues.
Au début le peuple était céleste,
Le soleil nous éveillait et nous rendait idiots l’après-midi.
On était les raisins brillants de l’été,
Avec notre écorce on déshabillait le vent.
2-
Ce n’est pas difficile de comprendre
Ce qui est éternel n’a pas besoin d’abattre du sang.
Ils ne s’étonnent que de ce qu’ils n’osent pas:
Et je trouve la mer, je vois mon visage
Dans le lézard miroir…
Et malgré la nuit froide
Je ne vais pas mourir pour être ici.
Bien que la communion soit ajournée
Je peux tuer Dieu en écrivant “il est mort”
Sur une chaise.
***
Paul Verlaine
Dans la montagne quelqu’un a laissé sa vie
Pour remplir de lumière la chambre.
Comme brouillard de lune, c’est sa chanson…
Pour ceux étrangers-là que dans la blessure
Se bâtissent. Derrière, il est resté la honte
Civilisée, la plume bourgeoise
Qui avec mensonge a déguisé le brouillard
La réalité de la saveur sordide:
L’irruption du roi aux yeux bleus
Traduit Blake dévoilant en enfer
Ce que la mer et le lion portent d’éternel.
Déployant des intenses feuilles de bois.
JUAN ARABIA
(Traduit de l'espagnol par Lilian Tauzy )