L’encre des veuves
Des broussailles griffonnent leurs fronts inquiets
Caché dans les poches de leurs tabliers
Un mouchoir
Pelote de chagrin à portée de main
Accompagne
Du soir au matin
Leurs gestes quotidiens
Sur la pierre des volcans
Elles frottent le savon
Qui change l’eau en lait
Essorent le coton
Qu’on porte tout l’été
Chahutent le vent
Avec les draps blancs
Gonflent les poumons
De l’air frais
Leurs dessous
Alignés
Sur les allées de graviers
Dans le silence
Des secrets
Âpres
Comme le civet
Qu’elles servent
Le dimanche
A déjeuner
La gorge sèche
Nappée
Du vin et du sang
Qui ravit leur palais
De la joie
D’un père ou d’un frère
Tirés en plein champ
Comme la bête
Qui s’enfuit devant
Et ruine
L’enfant
Qui savoure l’instant
D’essuyer son festin
D’un revers de pain
Et de quitter
La table
Serein.
4 juillet 2014
LAURE WEIL
Laure Weil se présente :
Professeur agrégée d'arts plastiques, je suis aussi curieuse de littérature, de cinéma et d'architecture. J'ai fabriqué quelques livres d'artistes, dont le lien entre eux semble être l'effacement. Livres restés confidentiels. J'écris généralement pour restituer une rencontre avec une œuvre, qu'elle appartienne au champ des arts plastiques ou au cinéma.
Je cherche à diffuser mes textes parce qu'il est plus facile de se motiver à écrire régulièrement quand on sait que ses textes sont susceptibles d'être publiés.
Mes écrits sont nourris par ma culture des arts plastiques et par ma liberté à jouer avec les mots, comme s'il s'agissait de couleurs pour un peintre.