Dysphorie
Je remplis la fragilité du vide
L’éloquence fixe de ton corps brisé
Je dessine tes pieds, l’âge de ton langage
Je refais la dignité de ton espace
Mi-mort, comme un pas laissé
Lent, comme le fleuve distant
Je t’aime ici :
Dans mes racines éradiquées
Dans les mains éthérées de ma mémoire
Dans l’arbre de mes gestes quotidiens, mouillés
Ancrés dans ma méthode de survie.
Je t’aime au-dedans
De mon enfance aquatique
Fleurie de gens multicolores
Emplie de poupées imaginaires
De feuilles de papier cartonnées perchées
Par mes heures d’enfant synthétique
Je t’aime loin
de cette chambre au-dehors de toi.
**
De sucre et de vent
Tu es
Cet enfant
Au pays des larmes
Cette main
Libre, délivrée
A la sagesse séculaire
Mes lèvres
Se recollent
Lorsque je prononce
Ton nom
Mater magistra
Mer atteinte
Ton nom peint dans l'océan
de mots sauvages
Mer amoureuse
Magnolia
(melancholica)
Métaphore étendue
Magnifique étoile brodée dans une
Montagne si proche de la terre
Anima
Mãe, mater, Gaïa.
Aimée.
**
Bleus
Ici, comme un rocher, Toi
Moi
Laissée dans tes mains certaines
Heurtée par tes métaux d’orfèvre savant
Disséquée, observée, concertée
Par l’académie de ton esprit humain
Moi
Menée par les molécules du hasard
Restée assise
Sur ton lit
Sur la coïncidence
De nos transpirations aimées.
MARCIA MARQUES-RAMBOURG
Márcia Marques-Rambourg est une enseignante et poète franco-brésilienne. Vit en France depuis 2004. Collabore dans plusieurs revues de poésie (Recours au Poème, Le Zaporogue, Haies Vives, Pequena Morte, La Revue des Ressources,...). A publié cinq recueils de poèmes et plusieurs textes portant sur la philosophie, la littérature comparée, la poésie et la photographie. Son texte le plus réussi est né un jour d’été, en 2009.