Dans mon jardin
Moi je vais bien mais mon jardin. Ces derniers temps, il m'inquiète. Il se prélasse à la lueur acide des lampadaires et tousse dans les fumées sales des usines. Il semble terne, fatigué. Quelque chose rôde dans le sol et puis le ronge.
Mon jardin c'est ma cabane, c'est l'air que je respire. Quand je tourne la tête vers là-bas, c'est mon jardin. Demain c'est mon jardin. Y'a de l'autre côté aussi, jusqu'à un mur de brique construit en Chine, une pagode taille de lune couverte de fleurs tombées du ciel.
Il a des feuilles. Des noires, des deux couleurs, des invisibles. Il a des arbres. Qui parlent entre eux mais ne se fréquentent pas trop, à part pour les jumeaux.
Mon jardin n'est ni vraiment grand ni vraiment top petit. Juste comme il faut, comme un tout seul. Il récolte les étoiles et puis les mange. Ça tombe dans la machine et ça devient la terre, les racines, et ça devient jardin.
Au bout de mon potager des mauvaises encres, il y a la mer. La mer et le son de la mer, à cueillir à même un coquillage, une chanson, un vent de joint. Il n'y a plus trop d'oiseaux ni de poissons. Ils ne viennent plus, le long des cars des voies sales abandonnées il n'y a plus rien. Maladifs associables des restes de leurs familles jetées sur les étals furieux de la consommation.
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Mais aux persiennes
Elle est plastique, et sur le bleu
De ses belles lèvres, roulées fantôme
Un artifice, noir de fond d’homme
S’évanouit, dans la poussière
Elle tient un bal, et aux persiennes
Laisse traîner, l’effronterie
La blague de drap, qu’on gagne en bouche
Que si l'on goûte, le fruit tordu
Partout aux masques, à la courtine
Qui sèment houblon, par le balcon
La lune en havre, le rire facile
La fille de nuit, c’est la rosée
Et d’un seul jour, plus de murmures
Juste une larme, dessous persiennes
Car salle vide, elle est partie
Prenant contre elle, ses souvenirs
AYMERIC LE GUILLOU
Il se présente :
Je suis un jeune étudiant de 21 ans (Lettres Modernes) avec un petit antécédent poétique : lauréat dans quelques concours de nouvelles et primé dans des concours de poésie (paris sorbonne, jeux floraux de toulouse), j'adore les mots qui sonnent qui tombent et qui roulent...un peu comme des chansons.
Un univers peut être à mi-chemin entre Mathias Malzieu et Manu Chao.
Je dessine également et, plutôt qu'une simple photo je vous transmets un dessin à l'encre...
Macadam Boulevard- Aymeric Le Guillou - DR