Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS- PATRICK BEAUCAMPS

Publié par ERIC DUBOIS sur 4 Novembre 2014, 17:23pm

Catégories : #poèmes

Les champs de maïs


 


 

Je n’étais qu’un gosse à l’époque

et elle devait avoir la vingtaine.

Ce matin-là, nous sommes partis

au village faire quelques courses.

Elle avait besoin de fond de teint

et d’un tube de rouge à lèvres.

Je me souviens lui avoir dit

qu’elle était très jolie comme ça,

qu’elle n’en avait pas besoin.

Elle s’est arrêtée, m’a souri

mais c’est moi qui ai rougi.

Nous avons repris notre route,

longeant les champs de maïs

bordés de jeunes coquelicots.

Durant tout le reste du trajet,

mes yeux ont caressé sa nuque

et le collier fantaisie

qui entourait son cou.

Collier qu’elle remplacerait

quelques années plus tard

par une corde fixée au plafond.

 

***

 

Le bain


 


 

C’est à ce moment-là

que le week-end débutait.

Encrassé de graisse et d’encre,

mon père rentrait du boulot.

Dans sa mallette,

les chutes d’une bande-dessinée.

Mal reliées ou mal rognées,

les patrons acceptaient

que les ouvriers les emportent.

Je les lisais sur les toilettes pendant

que mon paternel prenait son bain.

L’émail crasseux.

L’eau noirâtre.

Mon père se frictionnant

malgré ses courbatures.

Je me souviens de ça !

Un petit bout de mémoire

qui resurgit

et s’écoule par le siphon.


           

***

Vers le printemps


 


 

Nous avançons au pas d’homme

regardant la pointe de nos pieds.

Des visages rasés de près ou ridés.

Chacun portant sa carte bleue ou verte

et son étiquette au regard des passants.

Des anonymes de la restructuration,

de la faillite ou tout simplement

du manque de qualification.

Pas de boulot hier, ni aujourd’hui.

Demain peut-être.

 

Qui sait ?

 

Nous avançons vers le printemps.

Vers les cerisiers du Japon en fleurs,

les barbecues entre amis, les départs

en vacances. La Dolce Vita.

 

Pour les autres.

 

 

PATRICK BEAUCAMPS

 

Né en 1976 à Tournai (Belgique), Patrick Beaucamps a grandi dans un milieu modeste et exercé plusieurs métiers : ouvrier imprimeur, magasinier, employé de vidéoclub, cheminot, bibliothécaire.

En 2003, après plusieurs déménagements à travers le pays, il s’installe dans sa région natale et publie son premier ouvrage : Le Bruit du Silence.

Poète et nouvelliste, son travail parait aux éditions Chloé des Lys et dans diverses revues littéraires.

 

 

Aux éditions Chloé des Lys

* Le Bruit du Silence, Poèmes (2003)

* 200 ASA, Nouvelles (2005)

* Tant d’eau sous le pont, Poèmes (2013)

* Brasero, Nouvelles (2014)

* Quand les vagues se retirent, Poèmes (2015)

 

En revues

* Le Journal des poètes (N°3/2012)

* Incertain Regard (N°9/2014)

* 17 Secondes (N°5/2014)

* Le Capital des Mots (Juillet, Septembre et Octobre 2014)

* Lélixire (N°9/2014)

* Traversées (N°74/2014)


 

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B
J'aime beaucoup ! tout simplement....
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