LE SURSIS EN CONSEQUENCE
N’était-il pas encore le feuillage nouveau
Et l’ondée des amas à la dune des branches
Pas la gaine de graines circulaires à planter
Et la roue des prières éternelles à tourner
N’était-il pas la chair à poussière envolée
A la source d’odeurs des espaces où briller
Otait la ressemblance inouïe du soleil
N’était-il pas de craie de son trait de merveille
Une neige et sa voûte un sursis et sa course
N’était-il pas le champ sans surface à gommer
Et par dessus les ruines sans murs à contourner
N’était-il pas des guerres les courses éméchées
Aux chevaux destriers en galop d’aboutir
A la mine du ciel débouté de ses heurts
N’était-il pas le monde affublé de mon cœur
***
Si partir en avance c’est précéder la fin
Tant qu’à se frayer par le vide en escalier colimaçon à rehausser les agonies
***
C’est aussi simple et même encore que de trancher l’amarre au corps
Plus clair que la roche brisée au puzzle déverrouillé
Et invisible à mesurer c’est aussi sûr que de bouger
Sans même l’air à déplacer
Que tu es le désert au nord
Et moi la dune sous la gelée
***
Je regarde ton visage de papier
Rien ne mord plus l’éternité
Aucun son ne dispense à la plaie du silence sa rature magnétique
Et pourtant tu as existé déjà
Mais à croire la béance de chaque mouvement aspiré des aiguilles
Rien n’a plus disparu depuis qu’au demeurant tu as tari de toi
***
Affables
Comme un champ de grillons dépecés par l’hiver
Cois clos dans la culbute
Avides à miroiter
Que l’aune à la bougie peine au soleil d’été
***
A la sidération de palper le visage
Toujours réitérée
Le même
Aux passages des regards qui ne se peuvent voir
Et l’étonnement sans cesse de ce mouvement dans la cage de chair
Même endormie même malgré
Même contre la mer à marée qui recouvre
Surtout là
Cette fatalité de battre
Il demeure à tarir son écho de reclus
Par le souffle des bouches par l’odeur qui nue
Dans la tresse des gestes avérés qui se touchent
Oblitère à la peau seuil des impuissances au sursis de sa toile
La claustration
La périphérie rauque au carcan de nos âmes
Comme un feu qui s’envole
Et retourne à sa flamme béante de s’aimer
CAROLE CARCILLO MESROBIAN
Biographie.
Carole Carcillo Mesrobian.
Carole Carcillo Mesrobian est née à Boulogne en 1966. Elle réside en région parisienne. Professeure de Lettres Modernes et Classiques, elle poursuit des recherches au sein de l’école doctorale de littérature de l’Université Denis Diderot. Elle publie en 2012 Foulées désultoires aux Editions du Cygne, puis, en 2013, A Contre murailles aux Editions du Littéraire. Parallèlement paraissent des textes inédits dans la revue Libelle, et sur les sites Recours au Poème, Le Capital des mots et Poesiemuzicetc. Elle est l’auteure de notes de lecture publiées sur le site Recours au Poème.