Dans les yeux d’Inge
Pour Inge Braeckman [1]
Prendre un café tomber
Dans les yeux d’Inge Braeckman,
*
Maritimes langueurs.
En rhapsodies : polders.
Opale écume nuit
Roc ; morceau d’ambre flamand –
Gemme tendre et subtil.
Un insecte dedans.
*
Dans la voix d’Inge,
La musique automnale des dimanches,
Là-bas,
Où le temps carillonne.
*
Mélancolie, ma sœur :
Elle roule, cramoisie, au bord
Des yeux d’Inge, au bord des larmes
Et du ciel tourmenté de la Flandre.
*
La voix d’Inge : veilleuse (pudiquement la mort)
Avec un peu de rage.
*
Nuage dentelle amère,
Façon coton-Ruysdael,
Passe aux lèvres d’Inge (de mes erreurs
Ourlées).
*
La voix d’Inge : berceuse. Intérieur jour, couloirs
Et le dédale suave d’un tableau de Vermeer d’un
Verger d’Italie.
*
Portée sur la page blanche, l’ombre
D’une main gênée d’être
Seule à tenir
Le poème,
Sa vie.
*
Franchise,
+ le linge aux fenêtres,
+ les adieux.
*
Elle vous dénude, Inge, puis vous sert (du regard)
Une boisson arctique,
Un lendemain d’amour.
*
Elle est soudain maîtrise – contrôle / satin / freinage
Au seuil d’un mot d’angoisse.
Elle n’attend personne.
A Paris, Marché de la Poésie, place Saint-Sulpice, le 13 juin 2015.
[1] Inge Braeckman, née le 19 septembre 1974 à Gand, où elle vit et travaille, est l’une des représentantes les plus intenses de la poésie néerlandophone belge contemporaine. Une seule traduction française disponible pour le moment : « Damme », extrait du Temps retrouvé [De hervonden tijd, 2014], publiée dans la revue Poésie/première, n°61, 2015, pp. 22-24.
JEAN-BAPTISTE MOGNETTI
Il se présente :
Né en 1983.