Rackets du temps
J’ai appris à lire
entre machine à coudre lettres interdites
et enclume résistant à tous les coups
de promesses abritées dans la déchirure des lèvres
des livres jamais lus
Les révélations de la plume
éloignent les bleus aux genoux
celles des hirondelles
rapprochent l’accueil des mirabelles
pour épouser l’amandier qui sème rachats soldés
Lire l’autre à mots enneigés
à la solde des tapis volants
préserve l’œil de cécité
Les blancs des bancs de banquises
révolutionnent la ponctuation de l’algèbre de l’univers
qui hoquette entre constellations en métamorphoses
et rackets de temps perdu
***
Appris à la maternelle
Si l’espace n’est pas ma terre
le temps ne m’appartient plus
Le temps appris à la maternelle
n’est qu’imparfaite imposture
injure d’un passé décomposé
que le futur apprivoise et recompose
Endormir les dévastations de chants d’oiseaux
Oublier les fabulations des cahiers endormis
au dortoir de la plus haute enfance
La découverte de l’oubli
empoisonne la mémoire des jouets
enlisés dans le grenier sans escalier
Ressusciter le temps
dans la lassitude des brouillards
brûlés dans les yeux
***
Qu’arrive … l’autre homme
Même ses rêves
plus éblouissants que les miens nous séparent
nous rapprochent
de l’instant indésirable
nous reprochent
tous les cauchemars cachés
masqués
Pourrions-nous avouer au monde
vers quel pan d’univers nous enfuir
pour égarer enfin la cruauté de l’homme ?
Il suffirait peut-être
qu’arrive l’autre homme
le vrai
celui qui n’aura jamais faim ni soif
ce corps blessé par myriades de pardons
issus de tout ce qui bouge
L’heure se rapproche
récolte ses secondes
et se tait indéfiniment
Extraits de " Rackets du temps" ( L'Arbre à paroles).
RIO DI MARIA
Il se présente :
Rio Di Maria est né à Canicatti (Sicile) où il a vécu jusqu’à l’âge de onze ans. Avec sa famille, vie précaire comme tout Sicilien non assujetti à la Mafia ou aux nantis. Émigration. Études commerciales. Quarante ans de travail dans une entreprise métallurgique. Marié à Viviane : trois enfants.
Premiers poèmes en 1965. Premier recueil en 1973. Passionné de cinéma et de peinture, il filme les soirées de poésie (Maison de la Poésie d’Amay) depuis 1994; mémoire de l’Arbre à paroles à partager. 2007, il reprend le dessin à l’encre de chine, c’est l’imagination au pouvoir pour plus de 120 dessins. Depuis début 2009, Président du Conseil d’Administration de la Maison de la Poésie d’Amay.
En poésie
À travers l’aube, Henry Fagne, 1973
Festin de lumière, Vérités, 1975
Dérive d’azur, Vérités, 1977
Tumulte de lèvres, Vérités (La boîte à poèmes), 1978
Éblouissements d’exil, l’Arbre à paroles, 2006
De deux choses lunes; avec F. Chenot, l’Arbre à paroles, 2010
Rackets du temps, (poèmes et dessins) l’Arbre à paroles, 2014