In memoriam
C’est sur la plage
de l’enfant allongé
que la mort fixe
ces quelques jours
tout en remuant
nos ventres froids
contre le sable
de l’ignorance
du merdier d’être
Père aujourd’hui
C’est dans des camps dressés en campagne
dans une information programmée
que se font les nouveaux oxymores
et les pauvres sont déplacés
et la petite histoire
dans l’Histoire
retourne
C’est dans la stupeur des têtes coupées
dans l’ombre des guerres invisibles
que fleurissent de jolis « ipad »
que prospèrent les excursions nomades
des touristes d’aujourd’hui
On n’arrive pas à se représenter
en quoi nous participons
On n’arrive pas à se représenter
notre responsabilité
On prend sa voiture climatisée
pour une proximité connectée
on clique trop loin dire bonjour
On oublie qui trempe le bras dans la boue
qui précipite le peak de tout
qui suce le sang versé pour le coltan
sur les traces habituelles
des promenades balisées
Et à peine
un haussement d’épaule
pour les massacres organisés
la misère éloignée
et les hommes de demain
qui ne naîtront pas
Et les images formatées
défilent
nous envahissent
Alors les pas sans importance
des agités obsolètes
rythment le caractère dérisoire
de la confusion
de l’effondrement silencieux
Alors
les marchands
dans le Temple
sans les lazzis
retournent
Alors
les morts
à la mémoire
s’arrachent
alors les morts
traversent
le mur
de l’avenir bouché
pour entrer
dans la crypte aveugle
du champ forclos
NASHTIR TOGITICHI