La vie soudain
(extraits)
ces grenouilles qui nagent dans l’étang dans quoi
l’étang nage-t-il, on se demande saute
comme batracien d’un vers à un autre, oyant
leurs coa coa couac leurs cao cao crac palmés
depuis le chemin, à la digue on a pris
à gauche, aperçu une fleur d’églantier a poursuivi
en lisière du bois jusqu’au hameau, s’ouvrait
au monde à la façon dont cette fleur alors
s’ouvrait on s’épanouissait, en corolle nos pétales
*
les orges sont belles on imagine les vagues dedans
que ferait le vent s’il soufflait, il passait
dans ces épis aux longues barbes qu’on porte
en ce jour de premières chaleurs où l’atmosphère
flotte immobile ce poème se poursuit comme se continue
le chemin, il entre dans le bois à gauche
emprunte l’allée principale plus loin, avec ce son
des orges encore en gorge sa forge de corps
en hordes parmi les hautes herbes qui nous bordent
*
avant la petite route à droite elles ont entendu
le coucou, se sont mises à comparer quelques paroles
du passé ce qu’on leur disait enfants, confrontant
leurs versions ce qu’il était conseillé de faire
si l’on écoutait ce chant, avait une pièce
dans la poche on deviendrait riche, louis d’or
de la menue monnaie plutôt, elles en ont débattu
couci-couci-couça coucou, grimpant on grimpe aussi
aux arbres aussitôt qu’on perçoit son cri autour
ROMAIN FUSTIER
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