Clément G. Second
Trois poèmes de Porté par le silence
Il arrive qu’à l’insu d’un attentif remonte
sa clandestinité faute d’oxygène
Le secret sans grand large, en est-ce encore un
et du large sans lui que reste-t-il à lire
sinon la mue prostrée méconnaissable ?
Vous aura-t-on voulues, immensités plus courbes
que le roulis des fables qui vous bercent !
Et longées, parcourues, désireux des prochaines
archères décochées, profuse succession
à perte de regards trompant les paupières-lèvres
à perte de se perdre au gré souple de vos rebonds
– à tressaillir un soir surpris, ô folie douce
par l’oubliée sans droit qui grimpe de travers en frôlant le moment
et cherche-donne et chante à titre de reléguée
son psaume plus royal d’être émis en veilleuse
***
Porté par le silence, écrire est-il répandre
des tempes au papier la propre inclination ?
— Alors il s’en faudrait que le lien entre source et terre
en se croisant tisse le moindre pan pour d’autres que soi
Aussi, se taire en se taisant,
travailler sous l’injonction
douce inflexiblement d’un entre-mots lucide
qui regarde en écoutant depuis des bords à bien méconnaître
Le noir sur blanc flotte en balises trop secourables
auxquelles on n’a pas à s’accrocher, nageur de solitude
que la force de fond remonte dans ses voies
Prendre seulement le temps, cette amertume blanche
de tourner sept fois sept fois sa bouche dans la Langue
en expectant actif tourné vers une évidence
imprévisible chaque fois entre
fenêtres murs et ruines de décombres,
passant les vocables et leur projection
***
Une flûte d’oiseau La bégayante aurore
s’est fixée un instant au bord du demi-sommeil
balancée par le vent et les sautes d’ouïe
C’est l’approximatif qui détient les clefs
et par enjouement fait qu’elles scintillent
au passage devant une joie étonnée
Pour après, le retour – pour après seulement –
au dessiné-délimité, à la frontière
entre d’amples versants contrariés d’entraves
qui sans elles sauraient souples se rapprocher
Et après, même après, dans le jour effréné
garder les notes de l’oiseau-flûte
dans l’arbre-à-vent qui joue d’une branche ou d’une autre
CLÉMENT G. SECOND
Clément G. Second
Écrit depuis 1959 : poèmes (des sortes de haïkus qu’il nomme Brefs, sonnets, formes libres), nouvelles, notes sur la pratique de l’écrit principalement.
Fréquente littérature, arts, philosophie et spiritualité.
Collabore à des revues (Le Capital des Mots, La Cause Littéraire, N47, Terre à Ciel, Harfang, 17 secondes, Accentlibre, bientôt Paysages écrits) depuis fin 2013 par besoin de plus d’ouverture et de partage. Partie prenante de L’Œil & l’Encre*, blog collectif photos-textes à l’initiative de la photographe Agnès Delrieu http://agnesdelrieu.wix.com/loeiletlencre ( le montage de ce blog est en cours).
Se sent proche de toute écriture qui « donne à lire et à deviner » (Sagesse chinoise ), dans laquelle « une seule chose compte, celle qui ne peut être expliquée » (Georges Braque), et qui relève du constat d’Albert Camus : « L’expression commence où la pensée finit ».
a1944@hotmail.fr