Chroniques
I.
Allée Darius
Darius Milhaud
te suivre c’était
suivre la voie des morts
voyage quotidien
pour aller aux écoles
liasse de papiers serrés
entre jeunes pressés
dernières cargaisons d’enfants
bavardages de cafés
Allée Milhaud
des massifs d’immeubles
au point des professeurs
disparus des sonneries
les portails fermés
jusqu’à la Villette
où l’on chaloupait le dimanche
et le tract remis
au parent occupé
restait sur le sol
II.
Solitudes
Au comptoir il fixe
son verre de mousse
dans le bruit de la ville
passant au dehors
Là dans sa bulle tiède
saturée de houblons
il enterrait
les paroles qui s’envolaient
de la blonde un peu grasse
à deux trois quatre cinq pas
(Sculpture de rue
qui s’enfonçait avec lui)
III.
Dès potron-minet
le chat ronronne sa pitance
lorgne son jeune maître
qui se lève et part cravaté
tenace comme un jeune chien
C’est la valse des clients
le mambo des SMS importants
faut croire en son couple
c’est qu’il y aura des enfants
c’est beau la vie non
Si des loups passent
dites-leur que l’homme n’est plus très comestible
Métaux lourds dioxine pesticides antibiotiques
Hormones neuroleptiques antidépresseurs radionucléides
Benzodiazépines nanoparticules perturbateurs endocriniens
Et caetera et caetera
Il ne reste plus beaucoup de lumière
J’attends les Indiens aux Buttes-Chaumont
Nous dresserons des potences place de la Concorde
Et nous irons incendier l’Hôtel Crillon
Et parmi ceux qui pendront aux cordes
Je verrai encore la tête de celui que je suis
Il y a trop de gris sur la ville
Et le bleu est bien trop bleu
Bercy2 Aéroville Disneyworld
Temples morts qui prenez l’eau
N’oubliez pas Rémi Fraisse
Qui ne sera pas le dernier
Sivens NDDL Colombes bétonnage et mitage
Penly Nogent/seine Fessenheim Blayais
Les cancers et la ruine Roland-Garros Taratata le foot et le rugby
Et caetera et caetera
Le 21ème flic est un malin
Quand il y a trop de bruit on n’entend plus rien
(inédits)
NASHTIR TOGITICHI