NOYADE DE L’EXTREME
Assise sur l’extrémité de ce rocher
Face à l’immensité de l’océan
J’aperçois au loin quelques voiliers
Poussés avec délicatesse par le vent.
Mon esprit enivré de cette somptuosité
Se laisse emporter doucement
Aux portes de la sérénité retrouvée
Je suis seule dans les bras du géant.
Quelques paillettes de soleil voltigent dans le ciel
Pour s’échouer en douceur sur mon corps
Ivre de cette multitude de sensations irréelles
Qui le noient avec délice dans cette petite mort.
Peu à peu l’horizon m’attire aux portes de l’extrême
Là, où s’entrelace tendrement le ciel et la mer
Qui de leurs mains lentement m’emmènent
Vers ce royaume inconnu brodé de lumière.
***
SI J’AVAIS OSE
Je voulais vous dire franchement
Mais, je n’ai pas trouver les mots
Pour l’expliquer clairement
Il n’y avait plus rien de beau
J’ai voulu vous l’écrire simplement
Mais ma plume est restée figée
Aucun mot n’était présent
Ma feuille se revêtit d’un blanc immaculé
J’aurais voulu vous le chanter
Mais aucune mélodie ne s’est composée
Pas une note n’est arrivée
Ma partition bien vide est restée
Je voudrais tenter de vous le dessiner
Mais, j’ai oublié mon fusain
Pas un trait, même grossier
Pour créer cette esquisse de ma main
Après tout, c’est peut-être si évident
Que je n’ai besoin de rien
Puisque vous le savez depuis longtemps
Votre sentiment est le mien
Si j’avais vraiment voulu vous le dire
Je n’aurais eu besoin que d’un regard
Dans lequel vous auriez pu lire
Tout avant qu’il ne soit trop tard
Nous nous serions alors confondus
Dans un éclat de rire cristal
Plein de maladroits sous-entendus
Nous évitant bien des choses immorales.
***
LA DERNIERE DU TAS
Une pile de feuilles en pagaille
Déjà votre esprit troublé trésaille
De crainte de ne retrouver ce papier
Qui fait de vous le plus inquiet.
Vous aviez pensé depuis longtemps
Mais, l’échéance était trop loin devant
Pour vous faire à l’avance paniquer
A l’idée d’une recherche avancée.
Aujourd’hui ça urge, chaud devant !
Tous aux abris, c’est rentre dedans
Vous êtes prêts pour les fouilles
Non sans ressentir une certaine trouille.
Vous commencez très calmement
Sans précipitation et avec discernement
Les feuilles s’immiscent entre vos doigts
Chacune revendique son droit d’être là.
Parfois de ce fatras sort une info
Qui percute brutalement votre cerveau
Sauf que ce n’est pas celle du moment
Mais celle d’un prochain tourment.
Revenons à cette pile qui n’en finit pas
A vos gestes qui trahissent votre embarras
D’être incapable de mettre la main
Sur ce bout de feuille bien malin.
Il vous faudra près d’une heure
De pénible et profond labeur
Pour la voir apparaître triomphante
Entre vos mains fébriles et suintantes.
Evidemment, elle était la dernière
Bien à l’abri de la poussière
Pas chiffonnée, encore moins écornée
Pas même déchirée ou pliée.
Finalement, quand on cherche un document
Retournons d’abord la pile tout simplement.
Inédits.
MARIE-FRANCE OCHSENBEIN
Elle se présente :
Marie-France OCHSENBEIN née en 1971 en Seine-et-Marne.
Attirée par la poésie et son univers dès le plus jeune âge, j’ai commencé mes premiers essais d’écriture à l’âge de 15 ans J’aime proposer au lecteur un arrêt sur image de quelques minutes dans une vie mouvementée sur des impressions, expressions, sentiments, curiosités tant sur l’homme, notre société en langage simple pour tenter de faire naître des émotions, du rire, du rêve ou une interrogation. Mon amour des mots me pousse sans cesse vers de nouvelles explorations et expériences rendant chacun de mes textes particulier.
J’ai publié dans la revue poétique l’Etrave et participé à des anthologies au profit de l’Association Poètes sans Frontières. J’ai également publié un recueil « Entre ciel et terre » aux Editions Nouvelle Pléiade et envisage l’édition d’un autre.
Je participe à plusieurs concours de poésie et de nouvelles. Dernièrement, mon poème intitulé « La cour des miracles » a été sélectionné pour publication dans le recueil du Prix Lucien Laborde 2015. Enfin, je propose mes poèmes à diverses revues telles que la Tribune du Jelly Rodger, Squeeze, Festival Permanent des Mots, Muze, Encres vives.