Ma mère, livre ouvert aux pages du grand chagrin sur la table des jours, son coeur posé dessus, si lourd.
Les mots des mères sont des larmes sur du buvard, ils griffent les murs de la chambre et vous demandent pourquoi. Elles ne savent pas qui est là, elles pleurent le passé sur les serpillières , les éponges, les corps d'enfance nue, les bassines pour le bain. Elles vous inondent des chagrins d'antan et vous en veulent de n'y pouvoir rien.
Les mères inconsolables lessivent l'intérieur des maisons de leur langage clos, il s'infiltre sous les portes et tracent sur les vitres des morsures de chiffon, il vous empêche de dormir.
Les mots transis des chagrins immobiles tapissent les ventres et les mères oublient de mettre leur enfant au monde.
ANNE SOY
Elle se présente :
Née à Lyon, je suis surtout lectrice. J'écris depuis l'adolescence quand, au lycée, j'ai rencontré la poésie. J'ai été publiée sur le net par Le Capital des Mots.