propager mon onde sur ton corps alangui ~
Les copeaux de mon âme pénètrent tes reliefs ;
je suis ton piège à loup décapsulant tes alcools d’ivresse,
je suis l’étoffe lourde qui vient boire à ton étang de nudité.
Je t’attrape au cou comme un jeune tigre joueur,
tes mains empoignent mon torse mûr.
Je veux planter mes orages dans tes perles d’abysse aux mystères pédants,
troubler le reflet dérangeant de tes grands yeux félins..
Les parfums de l’amour fermentent dans un ballet de gestes, de cantiques éperdus.
Tous mes wagons sauvages viennent claquer sur ta rame ;
mes canaux électriques se tendent comme des arcs
et tu me plantes ton haleine jusque dans les tripes..
– Achève-moi, que j’absorbe enfin ta matrice ;
crache ton encre-crème à mon sexe carbone !
et je le broie dans ta chevelure qui s’agite soudain comme un nid à serpents ;
je casse le diable en deux et je poivre ton corps !
Montre-moi tes dents de hyène échaudée et j’inverse tes pôles,
je te brode à l’épaule un murmure-baiser..
puis je remonte à tes crocs qui capturent mes lèvres.
Mon aréole soudain -impaire et passe- devient l’ostie de messe basse :
je te chuchote à l’oreille tes propres aveux dans l’ascension de la jouissance..
Oooh, j’adore l’écho de ton timbre vibrant lorsqu’il va pour découdre tout un pendant de ciel !
***
pistils en alerte aux pollens d’éponges,
aux parfums rêvassés
de temples vaporeux,
de voyages à coudre
à l’horizon des songes..
***
Lorsqu’il s’agit de les noyer
Comme des petits chats
jusqu’à parvenir à ce domaine,
ce domaine qui semblait nous attendre..
les petites fleurs qui nous font de l’oeil
parmi les herbes qui dansent ;
la chaleur diffuse au travers des arbres ;
les pollens et senteurs des champs magnifiques
qui nous appellent et s’ouvrent à nous..
nous marchons comme un seul,
rayonnants, sereins,
et impatients de s’allonger là, au milieu de nulle part,
et de savourer l’élixir du ciel à perte de vue..
contempler les phalanges du vent
caresser ta chevelure ;
te goûter du bout des lèvres,
te laisser butiner lentement l’étendue de mon cou..
le satin de tes seins, offrande de l’amour ;
mes doigts glissant sur ton saint-séant
t’engageant au plus fusionnel des duels fougueux…
***
envie de te fouiller, de dévaliser ton corps
venir dans ton dos, te parler sèchement à l’oreille
te mettre en joue, puis à terre,
t’attacher, t’engueuler
te regarder crier en fermant les yeux sous les coups de pétard
jusqu’à contempler enfin
tout ce liquide sortir du fond des sacs..
et regarder des chevaux d’enclos tourner sans fin au milieu de nulle part.
Je t’emmènerais longer des montagnes immenses,
partager le silence ébahi et cotonneux d’une contemplation émerveillée.
Je t’emmènerais fumer le cigare offert par un très vieux Cubain en gage de ta beauté.
Je t’emmènerais contre mon épaule sur un chemin de neige et de conifères,
sous un ciel épuré d’azur, dans les rayons déployés du soleil triomphant.
Je t’emmènerais dans les confidences de mes caresses incertaines,
lorsque ton grain de peau entrouvre mon âme comme un coutelas divin.
Je t’emmènerais chaque matin dans une rêverie légère
pour dégager mon corps empesé de mon lit vide.
Je t’emmènerais chaque jour comme un papillon de songe
déposerait les pollens du parfum de ta main.
Je t’emmènerais chaque nuit dresser le trois-mâts des recouvrances,
déposer la blanche candeur de la grand voile
sur le parfum de mort de mes draps trop froissés.
Je t’emmènerais dans le regard de chacun de ces hommes
qui n’ont jamais échoué à jouir de ton corps et d’en abuser comme il se doit.
Je t’emmènerais dans les vertiges du jour, à la pâleur d’une lampe,
dans un miroir grimaçant et j’en détournerais mes yeux pour les fermer encore,
alors..
Je t’emmènerais dans une prairie de jonquilles, de coquelicots et de bleuets,
à déguster la brise dans les danses irréelles de ta robe diaphane, puis, ivre
du chant des oiseaux, sous les branches d’un gros chêne, je m’endormirais
pour toujours dans tes bras, bercé par la douceur des soupirs du printemps..O, dans mes derniers instants, je t’emmènerais sur un ferry
pour le bonheur de ton sourire sous un bonnet de laine.
A l’autre bout du quai, on entrerait chez un vieil antiquaire, on sortirait de
la poussière quelques boites à musique abandonnées çà et là
par des femmes délestées de rêves trop usés..
Soudain, je reconnaîtrais la petite manivelle enfantine que tu m’avais offerte
et je me tournerais brusquement vers ton absence..
Bien vite, j’actionnerais le petit bras mécanique pour sentir le crochet acéré
de ma nostalgie remonter dans la chair de mes souvenirs..
Alors, depuis mon antichambre vide et sans écho,
j’entendrais bientôt remonter les galops de cet enclos perdu au milieu de nulle part..
..où je t’emmènerais..
BRUNO THIÉVET
Il se présente :
Son site : http://www.brunothievet.com/