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Paris est une fête !
Lèvres sur le livre
Lire sous la lave
Like des signes je lovais
Le pop corn, le pop art
Et le karting des âmes
Les j'avais de l’appart
La javel la jouvence
C'est la réalité je pense
Jeu de dupes à découvert
Orphée au bloc, quelle misère
Dans les ZUP, dans les ZAC
Tous les nouveaux déserts, mon frère
Planète Terre.
(Inédit)
***
Hic dans le surmoïque
Jetlagué j'ai largué les likés
Aux aguets aux arrêts hosanna!
Les mantras sont allô
Le menthol un chakra
Le mental discursif
Revient de l'opéra
Hôtel sans booking com
Plutôt California
Le tout n'est pas chanson
Pour choeur de piranhas
Chics...
Amniotique amnésique Amérique
Nage petit poisson, va
Dans leur gloubi-boulga
Quoi? Côa! Covabunga!!!
(Inédit)
***
Apologie de la lecture
Il faut lire
Des problèmes en prose
Poèmes sans la pose
Pause, une heure ou plus
Pose un peu, loin des poseurs
Puis reprends, plus ces machins choses!
De la poésie sans trop de roses
Des romans qui nous aiment
Sans ménagement
Ni management
Mangas comics et Malcolm X
Spin doctors du spleen, des crèmes
Mais qui liront sur la FM
Le poème
Ciel de thrène
Adieu bondieuseries
Apprécie
Edward Bond et Bourdieu
Derrida de Vigny
Ris
Avant la faux après Sappho
Après plus trop de “il le faut”
Il faut lire, oui
Avec ou sans fous rires
(Rares, curare aussi mais satiné il jouit)
Annabel Lee
Dit Poe dit Li Po pas poli
Liposuccion classy de la grâce lippue
Hue cheval, bourrin ne hue plus
Polices de caractère
La seule est au La Bruyère
Lis avec tes mains, oui
Manipulant mais pur dans l'âme
Crie
L'esprit dessalé se laisse aller et lit
En bon soldat ému d'un faux Général Lee
Ce que l’Homme a écrit
( Inédit)
***
Poème pour les Réfugiés
1.
L’Allemagne parle de réfugiés
La France de migrants
Eux ne parlent pas
Ils marchent
Viennent pour leur rêve
Et non pour nos fantasmes
2.
La tolérance
Les droits de l’homme et de la femme
La diversité
Ne sont pas à Bruxelles
Mais sur un rafiot
Dans un sac à dos
Car tout au fond
Tout au fond de l’eau
Où le sang se dilue
L’Europe des coeurs surgelés
N’intéresse même plus les poissons.
3.
L’Odyssée du grand Moyen Orient
S’affronte aux Achéens technos
De Bruxelles, de Berlin, de Strasbourg
De Budapest
De Varsovie…
4.
Le Capital ferme des routes
Pour mieux bitumer son chemin
Sur des corps
Il veut mettre au pas la marche
5.
Quand Big Brother fait le grand-frère
Quand frau Merkel fait la maman
C’est pour mieux étrangler les mères
Avec des sanglots
Les enfants, avec des lances à eau
Pour mieux laisser faire à Erdogan
Le sale boulot
6.
La banque
N’est pas une barque.
Si elle l’était
Elle ne repêcherait personne.
Quand le regard se détourne
Il oublie la rotondité de la Terre
7.
Wir schaffen das
« On va y arriver »
La fille de pasteur a dit oui
Aux brebis blessées
Les loups hurlaient
Au mouton noir
Car ils avaient faim d’élections.
8.
Chrétiens de Syrie
Musulmans de Syrie
Athées de Syrie
Indifférents d’Europe, en série
9.
Leur souvenir des bombes
Les réveille.
Notre refus de savoir
Nous rendort.
10.
Expulser sans État d’âme
En dit plus sur l’État
Que sur les larmes.
11.
La route des Balkans
Ne mène pas aux cols blancs
Mais aux coûts coupés
Hot spots
Coeurs froids
12.
Toutes ces baskets
Dans les abris de fortune
Ou sur les plages
Rêvent de courir librement
13.
Les ondes
Des téléphones portables
Un instant
Sont passées de l’autre côté
14.
Sur les réseaux sociaux,
A s’informer
Sur les chemins à suivre,
Ils ne se doutaient pas
Que notre social démocratie
Se cachait aux toilettes.
(Inédit)
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Cigarette 1, Sur les lèvres des filles
Évidemment
Je préférerais écrire des poèmes engagés
Contre la guerre ou l'exploitation
Du prolétariat par le patronat
Pour les enfants à qui l'on met un PM dans les mains
Les femmes contraintes de faire le trottoir
Les ouvriers chargés de le refaire
Contre les flics qui ont pour tâche de le surveiller
Tout le monde préférerait écrire et lire cela
Surtout quand le printemps des peuples refleurit
Mais voilà
Les choses ne sont pas si faciles
Le monde sous mes yeux n'a rien d'un idéal
Il me faut me résoudre à écrire
Sur les lèvres des filles
Sur leur peau satinée et leurs boucles d'oreille
Sur le désir qui gueule en voulant qu'on le berce
Il y a des problèmes urgents qui n'attendent pas
Vous le savez bien!
Et je me trahirais
Si je ne les affrontais pas
En 24/24 et non de 5 à 7
Extrait de 9.3 Blondes light, éditions le Temps des Cerises
***
Europe
Ces vers blancs me rongent le foie, Europe
Leurs hydrates de carbone m’étouffent, Europe
C’est la vraie fraternité que je cherche
Ni la loi ni les bons sentiments
Un travail pour chacun et qu’il mange à sa faim
J’envoie des lettres d’amour à ma banque, Europe
La BCE refuse qu’elles soient ouvertes
Je n’ai pas vu Byron sur le tapis de caisse
Et Goethe n’est pas lu par tous les boulangers
Je produis des déchets en attendant demain…
Europe c’est à toi que je m’adresse
Je suis obsédé par Le Monde, Europe
Ses suppléments économiques me hantent
Car ils lavent la tête aux super citoyens
Et promettent l’enfer à tous les moins que rien
Les hommes de réseaux ont voulu m’étrangler
Le pluralisme est décidé par quelques-uns
Le serpent à lunettes est au bout du couloir
Je peux le contempler toute une après-midi
Et puis j’ai vu Thatcher dans cette team GB
Il faudrait un quotidien s’appelant l’Europe
Je ne porte pas le droit dans mon blouson…
Mais soudain l’idée me vient que je suis l’Europe !
Europe tu dis que sans cash on ne peut rien
Tandis que l’entertainment nous broie l’esprit
Tu veux organiser ma sève en compétences
Tu me fais les poches en les bourrant de grands mots
La mondialisation vient de casser mon globe
Et je devrais en plus racheter mes stylos ?
Europe tu dis qu’il faut flexibiliser
Tu dis : Niches d’employés protégés pas bien !
Contrats à durée indéterminée pas bien !
Acquis sociaux pas bien !
Tu nommes « insiders » les emplois fixes
Puis tu dis bonne chance à tous les outsiders, Europe
Je te promets de me mettre au travail, Europe
La poésie du vrai n’est pas privilégiée
Et tu ravaleras ton mépris policé, Europe
Extrait de Des Raisons de chanter, éditions le Temps des Cerises
***
Na, na, na, na na na na…
Car les Beatles nous assassinent
Dans l’intervalle des lectures
Ringo à la batterie
George Harrison au son
McCartney au Hey Jude
John Lennon pour tout le reste
Rendent plus improbables encore
Les reprises de paroles
Des pauvres poètes que nous sommes.
Les spectateurs stoïques
Acceptent que soient charcutés les standards
Pour écouter l’amour de l’art
D’esthètes un peu faiblards
Il faut bien dire
Je les soupçonne
Dans un coin de leur tête
Et nous laissant ânonner
D’avoir laissé la radio allumée
Extrait de Mozart s’est échappé, éditions Henry/Les Écrits du Nord, 2016
JEAN- LUC DESPAX
Il se présente :
Né en 1968. Poète et écrivain (romancier, essayiste, critique littéraire).
Prix Arthur Rimbaud 1991.
A participé à tous les numéros du Journal Aujourd’hui Poème. (1999-2006)
Ancien rédacteur en chef de la Nouvelle Revue Commune.
Collaborateur de la revue Zone Sensible de la Biennale Internationale des poètes en Val de Marne.
Membre de l’Académie Mallarmé.
Membre du Jury du Grand Prix de la Critique.
Membre des Brigades poétiques internationales dont le siège est à San Francisco.
Président du PEN club français. (Poètes, essayistes, romanciers).
Tient un blog:
http://lesdouzedeblog.blogs.nouvelobs.com
2 derniers livres parus:
9.3 Blondes light. Poèmes. Le Temps des Cerises, 2015.
Mozart s’est échappé. Poèmes. Éditions Henry, 2016