Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - GUY KNERR

Publié par LE CAPITAL DES MOTS sur 7 Août 2016, 14:19pm

Catégories : #poèmes

L'ADIEU


Toi qui ne peux remettre à demain
un seul battement de ton cœur
je retiendrai mes larmes
pour ne pas troubler la source de tes rêves
Sur le seuil ensemble
nous boirons le ciel
puis je m'effacerai pour te donner le soleil
Ton dernier baiser me fera vieille d'un coup
d'un seul il fera de moi cette ombre immobile au bord d'un souffle
Sur le banc de l'horizon
longtemps j'oublierai mes mains
dans un peu de laine
La lampe de chaque soir
à ma fatigue mêlera
le vin des souvenirs
Alors je chanterai peut-être
puisqu'il est dit que toute voix devient
claire
au delà de l'attente


 

***


  Chez nous, la mort venait le soir. Elle se plantait sur votre épaule comme une bêche. C'était la mort et ce n'était pas la fatigue. La fatigue vous laisse des  yeux pour connaître le lointain, la main qui n'atteint plus le verre à boire. Vous abandonniez au fond des miroirs un visage giflé d'indifférence, sur la table le pain récitant le jour d'hier et vous la suiviez dans la nuit des abattoirs.
Soudain je me rendais compte que j'avais cessé de vivre. J'avais beau planter mes dents, mes ongles dans les veines du temps, même à gratter doucement la porte comme font les chats pour l'âme d'un bol de lait, mes doigts se brisaient sur elle avec un bruit d'enfer. Et c'était le moment que choisissait le pendule pour carillonner. Mille clochers ensemble sonnaient leur glas entre mes tempes. Ma tête éclatait semant sur le sol une quantité de petits faits oubliés comme des perles qui quittent un collier et roulent vers la mer...
La mort ne dure pas longtemps, quelques secondes puis elle retient de nouveau son souffle dans nos vies et vous laisse planté là, dans une terre molle d'où il faut s'extraire une fois encore pour retourner à la fatigue.
Je ne sais plus pourquoi je suis né, pour quelle affreuse victoire. Une très vieille femme me l'avait dit en regardant le sable.

 

 

GUY KNERR

 

Il se présente :

 

Guy Knerr est né en 1963 en Lorraine. Ses textes portent l'empreinte de sa terre d'enfance. Après des études de biochimie puis de lettres modernes, il devient instituteur. En 1992 il gagne la capitale où il se produit dans quelques cafés- théâtres à dire de la poésie. Il reprend ses fonctions d'enseignant l'année suivante. En 1995 il publie un mince recueil, Sentinelles, aux Cahiers de Garlaban dirigés par Jean-Luc  Pouliquen. Certains de ses poèmes ont été publiés dans diverses revues. Il vit actuellement en banlieue parisienne.

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B
J'aime toujours les évocations de la mort. La votre est particulièrement sensible et éloquente.
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